mercredi 12 octobre 2016

Pour ses avocats, la vidéosurveillance de Salah Abdeslam en prison l'a rendu "dingue"

Frank Berton et Sven Mary, qui ont renoncé à défendre Salah Abdeslam, croient savoir ce qui rend leur ex-client mutique.


"Nous avons la conviction qu'il ne s'exprimera pas". Les avocats de Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats du 13 novembre, ont annoncé ce mercredi 12 octobre qu'ils renonçaient à défendre leur client, ajoutant qu'ils avaient "le sentiment d'être là pour faire des visites sociales à la prison".

Qualifiant la situation actuelle de "gâchis", Frank Berton et Sven Mary sont revenus plus en détail sur les raisons qui expliquent, à leurs yeux, pourquoi Salah Abdeslam exerce son droit au silence et devrait continuer à le faire. La première d'entre elle, c'est la vidéosurveillance permanente dont il fait l'objet, dénoncent les avocats.

"Vous devenez dingue"

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"Lorsque chacun scrute même la nuit vos faits et gestes, vous devenez dingue, a déclaré Me Berton sur BFMTV. Et ça, c'est une conséquence d'une décision politique. Ce n'est pas une décision de la justice". Me Mary a renchéri en estimant que ce dispositif de vidéosurveillance "créé un mutisme chez Salah Abdeslam".

Mis en examen pour assassinats terroristes, Salah Abdeslam est détenu à l'isolement depuis le 27 avril à Fleury-Mérogis (sud de Paris) et placé sous vidéosurveillance 24h/24. Un dispositif inédit qu'il avait tenté, devant le Conseil d'État, de faire suspendre, mais la plus haute juridiction administrative l'a débouté fin juillet.

Alors que Salah Abdeslam invoquait une atteinte grave et manifestement illégale à sa vie privée, le Conseil d'Etat avait estimé que "le caractère exceptionnel des faits terroristes" pour lesquels il est poursuivi "impliquait que toutes les précautions soient prises".

Dans L'Obs, Me Berton ajoute que son désormais ex-client "n'aura pas d'autre d'avocat. Il n'en a plus envie. Salah Abdeslam abandonne. C'est comme un suicide, je le crains", dit-il en assurant qu'il lui "faisait confiance, le courant était passé entre nous, je me sentais capable de le ramener au monde".

Plus explicitement, l'avocat met en cause "le système carcéral organisé autour de lui", qui "l'a conduit" à rester muet. "J'assiste depuis sept mois au spectacle d'un garçon de 27 ans qui sombre psychologiquement", déclare-t-il, avant d'ajouter qu'il a assisté à la radicalisation de Salah Abdeslam "de manière extrême".

Au mois de mai, Frank Berton faisait déjà le lien entre le silence de Salah Abdeslam et la vidéosurveillance permanente (voir la vidéo ci-dessous). "On peut penser que ça le gêne, et que ça ne le conduit pas à collaborer à l'instruction judiciaire", affirmait-il en évoquant une procédure "hors de tout cadre légal".

Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la Justice, n'a pris un arrêté autorisant un tel dispositif d'exception que le 9 juin. Un arrêté qui avait ensuite été attaqué par la défense de Salah Abdeslam.

Huffington Post

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