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jeudi 26 septembre 2013

La Grande-Bretagne veut interdire la cigarette à ses détenus

Les prisons britanniques ont décidé de jouer avec le feu. A partir du 1er janvier 2014, un projet pilote va être introduit pour interdire la cigarette, en vue d'une interdiction complète en 2015.

A partir du 1er janvier 2014, un projet pilote va être introduit pour interdire la cigarette dans les prisons britanniques, en vue d'une interdiction complète en 2015.
 

La décision, annoncée le 20 septembre par le ministère de la justice, est radicale. Il n'y aura plus aucune salle fumeur dans les geôles. Pas un seul espace dédié aux accros de la nicotine. Cela revient à faire cesser d'un coup la cigarette aux quelque 80 % de prisonniers britanniques qui fument. La mesure sera introduite progressivement dans le temps, d'abord dans deux prisons du sud-ouest de l'Angleterre, en fournissant aux détenus des patchs de nicotine pour compenser.

La décision fait suite à la campagne menée par le syndicat des gardiens de prison, (Prison Officer Association, POA. Ses membres se plaignent de souffrir de tabagisme passif. Il existe aussi le risque qu'un prisonnier non fumeur poursuive en justice les autorités britanniques s'il tombe malade à cause de la cigarette de ses co-détenus. En 2007, le Royaume-Uni a introduit une interdiction de fumer dans les lieux publics. Les prisons avaient alors restreints la cigarette, mais une exemption avait été accordée aux détenus dans leur chambre, considérée comme "un emplacement domestique".

" LE PROJET EST D'ABORD TESTÉ DANS QUELQUES PRISONS"

Une telle mesure ne risque-t-elle pas d'embraser la population carcérale ? Même le POA se dit très prudent. "Quand vous prenez quelque chose aux prisonniers, il y a toujours une réaction, reconnaît Jo Simpson, son vice-secrétaire général. C'est pour ça que le projet est d'abord testé dans quelques prisons. Mais ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il ne faut pas essayer." Il en veut pour preuve des expériences au Canada, en Nouvelle-Zélande et dans l'île de Man, au large du Royaume-Uni, où l'interdiction a été introduite, apparemment sans graves problèmes. Il en est de même dans les prisons pour mineurs au Royaume-Uni, ainsi que dans les hôpitaux carcéraux.

Mieux encore : le nombre de détenus dans l'île de Man a chuté d'un quart depuis l'interdiction. "Plus personne ne veut retourner en prison depuis l'interdiction", estime M. Simpson. Mais avec une population carcérale de moins de 150 personnes, cette petite île n'est sans doute guère représentative de ce que pourrait être l'expérience britannique.

LES CONDITIONS DE DÉTENTION VONT ÊTRE DURCIES

L'interdiction de fumer est néanmoins compliquée à mettre en place, la situation étant tendue dans les prisons britanniques. D'abord, les établissements pénitentiaires débordent : il y a actuellement 83 000 détenus, dont presque 20 000 qui ont dû au moins une fois dans l'année partager à deux une cellule prévue pour une personne. Ensuite, les conditions de détention vont être durcies très prochainement. Actuellement, à 5 % près, tous les prisonniers ont accès à la télévision, et certains peuvent obtenir des jeux vidéo ou le droits à des visites supplémentaires en fonction de leur comportement. Ces "privilèges" sont en cours de révision, et devraient prochainement devenir plus difficiles à obtenir. L'introduction de ces mesures est prévue sans doute en novembre.

Dans ces conditions, ne serait-il pas plus sage de faire des cellules non fumeurs, à part ? "Ce serait un cauchemar logistique, réplique M. Simpson. Avec l'austérité, de nombreux emplois ont été supprimés, et nous ne pouvons pas organiser cela."

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