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vendredi 13 septembre 2013

L'ex-directeur de la prison de Nancy jugé pour homicide involontaire

Stéphane Scotto, 42 ans, ex-directeur de la maison d'arrêt de Nancy, s'est présenté vendredi matin devant le tribunal correctionnel de cette ville, où il est jugé pour homicide involontaire après le meurtre d'un détenu par un compagnon de cellule en 2004 qui l'étrangla à mains nues. "A ma connaissance, un tel procès est une première", a expliqué l'avocate du prévenu, Marie Desmet, avant l'audience.

Stéphane Scotto, 42 ans, s'est présenté devant ses juges, apparemment impassible dans un costume sombre, affable et sûr de lui, expliquant longuement le fonctionnement de la prison Charles-III de Nancy à l'époque où il la dirigeait.
Stéphane Scotto, 42 ans, s'est présenté devant ses juges, apparemment impassible dans un costume sombre, affable et sûr de lui, expliquant longuement le fonctionnement de la prison Charles-III de Nancy à l'époque où il la dirigeait.

Affable et sûr de lui, M. Scotto a expliqué longuement devant les juges le fonctionnement de la prison Charles-III de Nancy à l'époque où il la dirigeait, décrivant un établissement "surencombré" et insalubre. La prison a depuis été détruite pour vétusté, et remplacée en 2009 par un centre de détention moderne. M. Scotto, qui encourt cinq ans d'emprisonnement, est actuellement directeur de la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Il n'a par ailleurs fait l'objet d'aucune procédure administrative.
 
C'est la première fois en France qu'un chef d'établissement pénitentiaire est jugé devant un tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Deux directeurs de prison avaient été mis en examen pour ce même chef d'inculpation à la suite de suicides de détenus dans les années 2000, mais ils avaient bénéficié d'un non-lieu.
 
"C'EST UNE FAUTE"
 
Il est notamment reproché à M. Scotto un manque de "vigilance" quant à "l'équilibre de la cellule" où le drame s'était joué, entre d'un côté un jeune trafiquant de drogue présumé, Johnny Agasucci, 26 ans, et de l'autre un individu dangereux, incarcéré pour des actes de torture, Sébastien Simonnet, alors âgé de 28 ans.
 
"Placer cet individu dangereux dans la même cellule qu'un jeune en détention provisoire, qui n'avait jamais été incarcéré, n'est-ce pas l'association de la carpe et du lapin ?", a interrogé la présidente, Catherine Hologne. L'ancien directeur a réfuté l'accusation, en minimisant sa connaissance de la dangerosité du meurtrier. Mais pour maître Iochum, de la partie civile, "il n'y a pas eu de surveillance particulière de cette cellule, alors que la personnalité de Simonnet était connue : c'est une faute".
 
Avant d'être évoqué à la barre du tribunal, le dossier a connu un parcours sinueux : le prévenu avait d'abord bénéficié d'un non-lieu, avant d'être finalement renvoyé devant le tribunal contre l'avis du parquet. "Cela a été un véritable chemin de croix", a résumé avant l'audience un des avocats des parties civiles, Alain Behr. Le vice-procureur, Yvon Calvet, devrait réclamer la relaxe lors de ses réquisitions.

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