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mardi 15 octobre 2013

À quoi sert la visite du député Huyghe à la maison d’arrêt de Sequedin ?

Six mois après l’évasion explosive de Redoine Faïd, le député de la cinquième circonscription du Nord, Sébastien Huyghe, a visité hier la maison d’arrêt de Sequedin.
 
 
En tant que rapporteur pour avis de la commission des lois sur le budget de l’administration pénitentiaire. Et sans se priver de lancer des tacles, même à l’intérieur de l’UMP, sa famille politique.
Sébastien Huyghe (UMP), accompagné d’un collaborateur, arpente les prisons de France dans le but de rédiger un rapport, qui sera publié fin octobre, avant d’être présenté devant les députés. Hier lundi il était à Sequedin, ce mardi, il visite la maison centrale de Saint-Maur, près de Châteauroux, dans l’Indre.

À chaque fois, le député rencontre les organisations syndicales. Dans leurs échanges, il était surtout question hier de l’article 57 de la loi pénitentiaire de 2009, dont l’UMP Jean-René Lecerf était le rapporteur. Cet article empêche la pratique des fouilles intégrales aléatoires. « C’est la fin de la fouille systématique des détenus à la sortie des parloirs », commente Sébastien Huyghe. Le copéiste député ne s’est pas privé de se démarquer du filloniste sénateur, surtout face à un personnel carcéral, direction comme syndicats, acquis à sa cause.

« Rien de concret »

« Le fait que ce ne soit pas systématique pose un problème de sécurité, détaille Sébastien Huyghe. La crainte est que certains produits passent entre les mailles du filet. » Côté surveillants, Stéphane Lecerf, de l’UFAP-UNSA-Justice, l’une des deux organisations majoritaires, reconnaît : « Il va dans notre sens. » Mais il déplore que de leur rencontre prolongée, il ne soit ressorti « rien de concret ».
« Les politiques se sentent obligés de nous voir, commente le syndicaliste, désabusé. On a eu beaucoup de visites de députés, ça n’a abouti à rien. » Et de citer un élu communiste, qui avait promis de leur écrire une lettre… jamais parvenue. « Je ne crois que ce que je vois, lance Stéphane Lecerf, qui souligne que nous sommes « en période de municipales ».

Contourner la loi avec des portiques

Concrètement, Sébastien Huyghe cherche tout de même des moyens de contourner la loi. Comme il le dit, « des choses qui compenseront la fin des fouilles systématiques ». Il cite « les portiques millimétriques », qui fonctionnent comme les scanners corporels des aéroports : ils détectent tout, pas seulement ce qui est métallique. Les prisonniers passeraient au-dessous après les parloirs. Une idée préconisée, depuis plusieurs années, par… Jean-René Lecerf.

La prison de Sequedin et le profilage des détenus

Redoine Faïd, évadé en grand fracas de Sequedin, était-il à sa place en maison d’arrêt ? FO-Pénitentiaire déplorait que le statut de prévenu prime sur celui de condamné, et fasse que de tels détenus particulièrement surveillés (DPS) soient incarcérés dans de telles conditions. Hier, Sébastien Huyghe a dit aux personnels pénitentiaires qu’il était « conscient de ce qu’il s’était passé le 13 avril », selon des propos rapportés par un syndicaliste. Le directeur général des prisons de Lille Pierre-Jean Delhomme a commenté : « Ce qui est mis en évidence (par cette évasion), c’est le danger permanent. »

Faïd, une exception

Heureusement, Redoine Faïd est une exception. Pour les prisonniers lambda, le quartier de pré-accueil des arrivants peut suffire, où tous les nouveaux détenus sont observés pendant 48 h, par une équipe composée notamment de médecins, de personnel d’encadrement ou d’enseignants (pour diagnostiquer l’illettrisme par exemple). Les prisonniers peuvent y être à vingt en même temps, répartis dans des cellules (voir notre album photos ). Cela permet « de repérer celui qui déprime », explique Sébastien Huyghe, afin par exemple de le placer en cellule anti-suicide. Une pièce lisse, où il est impossible de se pendre : il y en a deux à Sequedin.

Dangerosité des détenus en fin de peine

Question profilage, Sequedin est le seul centre pénitentiaire français à avoir un centre national d’évaluation (CNE) qui étudie la dangerosité des détenus en fin de peine. Deux autres CNE existent, mais ils interviennent en début de peine. Pendant six semaines, le détenu est scruté 24 h sur 24 par une équipe mélangeant direction, surveillants, psychologues, et conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation.
Le CNE sequedinois, ouvert il y a un an, avait été demandé par, Sébastien Huyghe tient à le préciser, lui-même et Bernard Gérard.
La Voix du Nord

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