Le tribunal a condamné, hier, plusieurs Blésois impliqués dans un trafic de stupéfiants et un gardien de prison qui monnayait ses services.
L'image n'est pas banale. Un gardien de prison a comparu, hier, à la barre du tribunal en même temps que les détenus qu'il était chargé de surveiller. L'affaire remonte au printemps 2010. Renseignés par un délateur anonyme, les policiers épient les faits et gestes de deux prisonniers de la maison d'arrêt de Blois soupçonnés de continuer leur trafic de drogue derrière les barreaux. A l'occasion d'écoutes téléphoniques, les enquêteurs découvrent qu'un surveillant de la prison propose, moyennant de l'argent, de leur faire parvenir des téléphones, des consoles de jeux, de l'alcool, de la nourriture et du cannabis. Un coup de filet est donné fin juin. Le surveillant passera plusieurs mois en détention provisoire.
« Cela paraît incompréhensible, j'étais un surveillant bien noté et j'ai dérapé », a expliqué Patrick, en costume noir devant ses juges. « Je vivais une séparation compliquée qui m'a plongé dans la dépression. J'avais également besoin d'argent. Je n'ai pas trouvé de soutien auprès de ma direction qui mettait en doute la réalité de mes difficultés. »
Le surveillant bascule, il aborde un détenu et lui propose de faire rentrer ce qu'il veut moyennant de l'argent. Par exemple, un téléphone et son chargeur pour 200 €, ou une bouteille d'alcool pour 50 euros. « Quand il m'a proposé ses services, je n'en croyais pas mes oreilles, a témoigné un détenu, j'ai cru qu'il jouait double jeu. » L'ancien surveillant pense avoir réalisé en quelques mois un bénéfice de 2.000 à 3.000 euros. Les objets commandés lui étaient remis par des proches des détenus, il les chargeait dans un sac à dos qu'il amenait au travail. L'homme était surnommé « Fleury » par les détenus car, avant son arrivée à Blois, il était en poste à la prison de Fleury-Mérogis. « Il n'aurait jamais pu faire la même chose dans cet établissement beaucoup plus surveillé que Blois, a indiqué son avocat, le bâtonnier Jean-François Mortelette, là-bas, un surveillant a interdiction de passer à côté du portique avec un sac à dos. »
Dans ses réquisitions, la procureure Dominique Puechmaille a évoqué une « dérive grave. » Non seulement le surveillant fournissait des objets, mais il prévenait aussi les prisonniers de l'imminence d'une fouille. Une peine de deux ans d'emprisonnement dont 16 mois avec sursis a été requise. « Ce métier n'est plus fait pour moi, j'ai cédé à la facilité », a déclaré l'homme dans l'attente d'une radiation inéluctable. Le tribunal l'a condamné à deux ans de prison dont 17 mois avec sursis.
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