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lundi 14 octobre 2013

Surveillant de prison, une profession très exposée au risque de suicide

Pour rappel, cet article datant de 2011...
 
Selon une récente étude de l’Inserm, le taux de suicide des personnels pénitentiaires est sensiblement supérieur à celui de la population française.
 
Les syndicats y voient la conséquence de leurs difficiles conditions de travail. L’administration pénitentiaire s’engage à recruter davantage de psychologues.

Que nous apprend l’étude ?

Le taux de suicide des surveillants est supérieur de 31 % à celui de la population française. C’est le chiffre qui ressort d’une enquête de l’Inserm menée sur la période 2005-2010. Les chercheurs se sont appuyés sur une série d’autopsies psychologiques pour déterminer les causes principales du passage à l’acte (vie professionnelle, sphère affective, antécédents dépressifs, etc.).

Au final, « dans un peu plus de la moitié des cas, la vie professionnelle a contribué au passage à l’acte suicidaire », selon l’étude. En jeu : l’environnement violent de la détention, l’enfermement ou encore la très faible reconnaissance du métier. On aurait tort, en revanche, de faire un lien entre le passage à l’acte des surveillants et les suicides nombreux recensés du côté des détenus.

« Rien ne permet de faire le lien entre les deux, assure le psychiatre Jean-Louis Terra, chargé de la prévention des suicides des prisonniers. Pour preuve, les conducteurs de train font face à 600  scènes de suicide par an (six fois plus que les surveillants de prison) et sont pourtant sensiblement moins sujets au passage à l’acte. »

Quelle est la réaction des syndicats ?

« Les agressions envers le personnel se multiplient du fait de la surpopulation carcérale », déplore Jean-François Forget, secrétaire général du syndicat Ufap. Par ailleurs, l’ouverture récente de prisons ultramodernes accentue la solitude des gardiens.

À entendre le syndicaliste, les nouvelles technologies permettent, certes, de réaliser des économies en personnel mais elles accentuent, du même coup, le sentiment d’isolement des surveillants.

Et de poursuivre : « Pour ne rien arranger, le personnel pénitentiaire a une image très dépréciée du métier. Nous ne produisons rien, nous ne sommes à l’origine d’aucune création de valeur ajoutée. Nous avons l’impression de ne faire que constater toute la misère du monde. »

Un sentiment renforcé par la présence accrue de détenus souffrant de graves troubles psychiatriques. « Faute d’avoir été formés à gérer ces personnes malades, les surveillants délivrent ce que j’appelle des “soins palliatifs psychiques” : ils accompagnent les détenus, sans rien pouvoir changer à leurs pathologies. C’est très frustrant. »

Que compte faire l’administration pénitentiaire ?

L’administration pénitentiaire (AP) a mis en place, en octobre 2009, un groupe de travail sur la prévention du suicide chez ses agents. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’a été commandée l’étude.
Les résultats obtenus par l’Inserm doivent être analysés en juin par le groupe de travail. L’AP a toutefois d’ores et déjà annoncé le recrutement de 15 psychologues et de 21 assistants sociaux supplémentaires.

D’autres actions de prévention devraient suivre dans les mois à venir, d’autant que 2011 s’annonce comme étant une année particulièrement meurtrière du côté des surveillants.

Pour sa part, l’Inserm préconise de « renforcer le lien social professionnel » entre les agents et de « valoriser le métier de surveillant aux yeux du personnel ou du public ».

Les chercheurs précisent, par ailleurs, que « les besoins parfois importants en personnel peuvent conduire à recruter des personnes qui présentent des fragilités incompatibles avec l’exercice du métier de surveillant ».

La Croix

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