Baisse de la criminalité, coupes budgétaires, changement de politique pénale... La Suède, comme d'autres pays, a vu dernièrement sa population carcérale diminuer. En conséquence, plusieurs fermetures de prisons ont d'ores et déjà été annoncées.
Alors qu'en France le nombre de détenus a atteint, l'été dernier , un nouveau record, avec 68.569 prisonniers (pour un total de 57.325 places), soit un taux d'occupation de près de 120 %, et que le gouvernement annonce la création de nouvelles prisons, en Suède, le problème est tout autre: les prisons ferment faute de détenus.
En effet, dans ce pays nordique, le nombre de détenus est en baisse d'environ 1% par an depuis 2004, année où le pays avait enregistré son plus fort taux de remplissage avec 5722 prisonniers. Entre 2011 et 2012, le nombre de détenus a même chuté de 6%, pour atteindre 4852 prisonniers - sur une population totale de 9,5 millions d'habitants -soit l'un des taux d'incarcération les plus bas au monde.«Nous avons vu un déclin inhabituel du nombre de détenus», a déclaré Nils Öberg, le chef de l'administration pénitentiaire suédoise, cité par le Guardian. «Maintenant, nous avons la possibilité de fermer une partie de notre infrastructure dont nous n'avons plus besoin aujourd'hui.» Le gouvernement suédois va ainsi fermer un centre de détention et quatre prisons, respectivement dans les villes d'Aby, Haja, Batshagen et Kristianstad. Deux d'entre elles seront probablement vendues et les deux autres affectées à une utilisation temporaire par d'autres services publics.
En Suède, le taux de criminalité ne cesse pourtant d'augmenter
Cette chute de la population carcérale suédoise, Nils Öberg a du mal à se l'expliquer. Il espère que ce phénomène est principalement dû au modèle libéral du pays favorisant les politiques de réinsertion sociale pour les détenus: «Nous espérons que les efforts que nous investissons dans la réhabilitation et la prévention de la récidive ont eu un impact, explique-t-il dans une tribune au quotidien Dagens Nyheter , mais nous ne pensons pas que cela pourrait expliquer cette baisse de 6 %.»
La chute brutale des incarcérations peut s'expliquer, en partie, par le fait que les tribunaux suédois ont donné des peines plus légères pour les infractions relatives aux drogues suite à une décision de la Cour suprême du pays en 2011. D'ailleurs, contrairement à ce qu'affirme dans sa tribune le chef de l'administration pénitentiaire suédoise («le nombre de crimes que nous connaissons est bien moins important qu'avant»), le site RtoZ estime, lui, graphique à l'appui, que le taux de criminalité en Suède n'a pas baissé, mais augmenté.
Une explication confirmée par Hanns von Hofer, professeur de criminologie à l'université de Stockholm, pour qui la baisse de la population carcérale entre 2004 et 2012 est largement due à la chute du nombre de personnes incarcérées suite à des vols ou des infractions liées aux stupéfiants.
Les Pays-Bas et les États-Unis ferment eux aussi des prisons
De son côté, le ministère de la Justice néerlandais avait annoncé en 2009 la fermeture de huit de ses prisons, rappelle Francetvinfo, citant un article du quotidien NRC Handelsblad. Une décision impulsée par «une baisse de la criminalité» qui a laissé «de nombreuses cellules vides», et «une perte de 1200 emplois dans le système carcéral». Le pays ayant une capacité de 14.000 places, mais seulement 12.000 détenus. Et, en mars dernier, le pays a maintenu sa politique sur le sujet, annonçant la fermeture de 26 prisons dans les cinq ans à venir. Une décision prise en raison d'économies budgétaires, annonce la RTBF.
Aux États-Unis, le nombre de prisonniers a baissé en 2012 pour la troisième année consécutive, rapporte leNew York Times. «C'est le début de la fin de l'incarcération de masse», a même déclaré Natasha Frost, vice-doyen de l'école de criminologie et de justice pénale de l'Université Northeastern. Au-delà d'une diminution de la criminalité dans certains États, le quotidien américain explique cette baisse en formulant trois hypothèses: l'introduction d'une ordonnance de la Cour suprême pour «soulager la surpopulation carcérale», la fermeture de plusieurs prisons «en partie pour des raisons budgétaires» et, enfin, le fait que «certains États ont assoupli leurs politiques en matière pénale» en cherchant des «alternatives à la prison».
Le Figaro
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