Après l'agression d'un surveillant, Bruno Retailleau s'est rendu à la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon. Il alerte sur « une situation explosive » et demande la création d'une nouvelle prison dans le département.
« Le système pénitentiaire est en train de craquer en Vendée. » Le constat est sans appel. Et il émane de Bruno Retailleau. Hier, le sénateur UMP s'est rendu à la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon. Une visite initialement programmée la semaine prochaine et qu'il a précipitée après l'agression dont a été victime un surveillant, mardi soir (lire Ouest-France d'hier).
À l'issue de sa rencontre avec les personnels, il a alerté sur « une situation explosive », accentuée par la surpopulation carcérale. Avec un taux d'occupation de +240 %, la prison yonnaise arrive en tête des établissements de la France métropolitaine. Chaque cellule compte au moins trois détenus.
« Point de rupture »
« La promiscuité est source de tension, affirme Bruno Retailleau. Et ça rejaillit sur le personnel. On a atteint un point de rupture. » Un diagnostic partagé par l'aumônier. « Le personnel passe son temps à désamorcer. Il n'en peut plus », témoigne Jean-Luc Guitton.
Le sénateur a saisi l'occasion pour interpeller Christiane Taubira, accusée « d'inertie » sur ce dossier. « L'État ne tient pas ses engagements »,a tonné l'élu vendéen. Il fait référence au coup de crayon mis sur la loi de programmation relative à l'exécution des peines.
Elle avait été imaginée par la précédente majorité. Au coeur de l'élection présidentielle de 2012, le centriste Michel Mercier avait annoncé la création de 23 000 places de prison. La Vendée devait alors bénéficier de la rénovation de ses deux maisons d'arrêt, et de la construction d'un nouvel établissement dédié aux courtes peines, à Fontenay-le-Comte. « C'était le 3e ministre de la Justice et le 3e plan qu'on nous présentait », rappelle la Ville de La Roche-sur-Yon, qui n'y a jamais cru.
L'histoire lui a donné raison. Le projet de Michel Mercier n'avait jamais été budgétisé. « Étant donné l'absence de financement, peut-on parler d'un engagement de l'État », avait répondu la ministre de la Justice, déjà questionnée au Sénat par Bruno Retailleau. Une réponse qui, aujourd'hui, ne convient toujours pas au sénateur. « Le gouvernement a recruté 60 000 fonctionnaires. Il fait des choix. »
« Récupération »
Depuis ? La Garde des Sceaux a fait passer de 55 à 66 millions d'euros le budget consacré à la rénovation des prisons, affirmant que « les travaux nécessaires seront poursuivis en Vendée ». C'était en octobre 2012. Mais sur le terrain, on attend toujours. Et on ne connaît pas l'ampleur des réhabilitations envisagées.
À Fontenay comme à La Roche-sur-Yon, les seuls travaux prévus sont la modernisation des quartiers des arrivants, une obligation européenne. « Du bricolage », résume Bruno Retailleau. Bien loin des 17 millions d'euros estimés pour rénover la seule prison yonnaise. « On ne pourra régler la question de la surpopulation que par la création d'un nouvel établissement », affirme Bruno Retailleau.
À gauche, on partage l'analyse, mais on déplore « l'exploitation politicienne d'un fait divers ». « Ce dossier ressort à chaque élection, remarque la Ville de La Roche-sur-Yon. On préfère un langage de vérité aux promesses à tout-va. » Même tonalité chez la députée Sylviane Bulteau, « consternée » par « la récupération d'un acte de violence grave ».
L'élue socialiste dit militer auprès de Mme Taubira pour que la Vendée bénéficie d'une partie des 6 500 places créées par la dernière réforme pénale. « Des places financées », insiste-elle. Avec Dominique Raimbourg, le député de Loire-Atlantique membre de la commission des lois à l'Assemblée, elle affirme disposer d'un bon avocat de la cause vendéenne.
« Mais la prison n'est pas la seule réponse, explique Mme Bulteau. On peut aussi mieux prévenir et mieux punir. Encore faut-il que le conseil général assume ses responsabilités dans la protection de l'enfance, en donnant des moyens aux travailleurs sociaux. »
« À ce jour, on a trente détenus sous bracelet électronique. Et ça ne règle pas le problème », répond Bruno Retailleau. Il n'y a pas qu'à l'intérieur de la maison d'arrêt que le climat se tend...
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