Un procès sous haute surveillance, avec d'importants renforts de sécurité, s'ouvre ce lundi à Pau devant la cour d'assises d'appel : deux hommes "particulièrement dangereux" seront jugés pour avoir tué en février 2009 un autre détenu alors qu'ils étaient incarcérés au sein du centre pénitentiaire de Lannemezan.
Il y a 5 ans, Thierry Théophile et Rodrigue Sophie avaient déjà été conduits au palais de justice de Pau sous haute surveillance
Les assises des Hautes-Pyrénées avaient condamné en 2012 Thierry Théophile, 38 ans, à la perpétuité, et Rodrigue Sophie, 36 ans, à 30 ans de réclusion criminelle.
Les casiers judiciaires de ces deux grands gaillards nés en Guadeloupe sont lourdement chargés. Tous deux avaient déjà donné la mort avant de croiser à Lannemezan la route de Rachid Benchetouia. Ce dernier était un "détenu particulièrement signalé" : il avait notamment fait parler de lui en 2000, lors de son évasion par hélicoptère de la centrale de Moulins (Allier). Entre les Guadeloupéens et l'Algérien existait, sur fond de racisme, un contentieux lié notamment à des nuisances sonores. La veille du drame, des menaces auraient été proférées.
Le 24 février 2009, Rachid Benchetouia a reçu plusieurs coups au niveau de la tête et du cou avec des armes "artisanales". Outre deux "poinçons" (de 27 et 50 cm), les surveillants ont retrouvé un pied de table de 80 cm assorti d'un manche confectionné avec du tissu et une sorte de "coupe-coupe" qui présentait des traces de sang : sa lame courbée, longue de 60 cm, était affûtée des deux côtés. Thierry Théophile fréquentait l'atelier de métallerie du centre pénitentiaire. Il aurait profité d'un défaut dans le respect des contrôles internes.
Presque décapité
Entre le couloir et la salle d'activités, les deux "cousins" se sont acharnés sur leur victime, qui a été presque décapitée. Y a-t-il eu préméditation ? C'est ce que soutient l'accusation, en notant par exemple que les deux Guadeloupéens, dont les cellules étaient mitoyennes, ont modifié leur planning pour être ensemble dans la salle d'activités.
"À juste titre, la préméditation n'a pas été retenue lors du premier procès", note pour sa part Me Antonin Le Corno, l'avocat de Thierry Théophile. "Nous avons fait appel car nous contestons la peine maximale qui a été prononcée. Il y a eu un échange d'insultes, et mon client s'est défendu…"
Cinq jours de débats sont prévus. Thierry Théophile est accusé d'assassinat, et Rodrigue Sophie de récidive d'assassinat.
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