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lundi 10 mars 2014

Un clip télé pour inciter les détenus de la prison de Metz à voter

Les détenus possèdent le droit de vote mais sont très peu nombreux à l’utiliser. A la prison de Metz Queuleu, malgré une campagne d’information en interne, aucun détenu n’a fait de démarche pour voter les 23 et 30 mars pour les élections municipales.                               
 
 
Contrairement aux idées reçues, le détenu est un électeur comme les autres. Sauf condamnation contraire, les personnes incarcérées peuvent voter. Un droit que les détenus ont obtenu en 1994 à l’occasion de la réforme du code pénal. 
Privé de liberté, pas de citoyenneté
Les détenus sont peu nombreux à user de ce droit. En 2012,  au centre pénitentiaire de Metz, 16 détenus ont voté pour l’élection présidentielle, 12 pour les législatives sur une population carcérale de plus de 600 personnes. «Ils se sentent exclus de la société alors qu’ils restent simplement privés de liberté et qu’ils vont retourner dans cette société. De ce fait, on n’a pas beaucoup de demande par rapport au nombre de personnes qu’on a ici», explique Elizabeth Dileo, la directrice pénitentiaire d’insertion et de probation à la maison d’arrêt de Metz Queuleu
47 secondes pour sensibiliser
A Metz, l’administration pénitentiaire et son service d’insertion et de probation veulent inciter les détenus à aller voter les 23 et 30 mars pour les élections municipales. Au  mois de novembre, un spot a été imaginé, conçu et réalisé par les détenus de CIEL (canal interne d’échange libre), la chaîne télé interne de la prison.

Le clip dure 47 secondes. Il est inspiré de la mini série Bref diffusée en 2011 et 2012 sur Canal Plus. Le spot a été diffusé pendant deux mois sans mobiliser.

Une campagne d’affichage a été diffusée dans la prison à partir du mois de janvier 2014 pour expliquer les démarches administratives qu’il faut réaliser. «La première, c’est la demande de procuration. Nous prenons contact avec les services de gendarmerie et de police qui sont censées enregistrer les demandes. Rendez-vous est pris dès qu’on a des demandes pour que ces personnes puissent recontrer les personnes détenues. La deuxième possibilité c’est d’obtenir une permission de sortie», explique Julien Inacio Marta, le directeur ajoint du centre pénitentiaire de Metz.

A deux semaines des élections municipales, aucun détenu n’a fait de demande de procuration ou de permission de sortie pour aller voter.
Exclus de la campagne
Les détenus se sentent exclus de la campagne. La plupart ne connaissent pas le nom des différents candidats. «Ils ne font pas la démarche de se présenter à nous donc après ça a un impact sur le détenu. On se dit, ils ne viennent pas nous voir donc pourquoi on irait voter pour quelqu’un qui se fout de nous après tout», réagit Christophe, un détenu qui a pourtant participé à la réalisation du spot de sensibilisation.

Dans la prison de Metz Queuleu, en 2008.

Les programmes et les professions de foi ne franchissent pas les grilles de la prison. «Je sais que c’est distribué dans les boites aux lettres des gens. Il y a une boite aux lettres à la prison de Metz, je le rappelle. C’est vrai, c’est 650 professions de foi à envoyer…mais bon…c’est dommage….», ajoute Christophe.

Jérémy, son complice du canal interne Ciel, avoue qu’il ne s’intéresse pas beaucoup à la politique, encore moins pour une élection municipale : «Je ne suis pas natif de Metz et j’ai perdu mon adresse de domicile à l’extérieur de la détention

Depuis 2009, les détenus sans adresse à l’extérieur peuvent être domiciliés à la prison mais ils sont très peu à faire la démarche. «Psychologiquement c’est dur, si on vote ici, qu’on met l’adresse ici, ça veut dire je suis un prisonnier ad vitam eternam donc du coup on préfère voter dehors mais pas d’ici en tout cas», conclut Christophe.

France Bleu (Vidéo et interviews)

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