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mardi 15 avril 2014

Après la prise d’otage, la colère à la prison

En réponse à l’agression dimanche matin d’un surveillant par un détenu, la deuxième en quinze jours, ses collègues ont bloqué, lundi, l’accès au centre pénitentiaire.

Une cinquantaine de surveillants ont bloqué, hier, l’accès au centre pénitentiaire de Laon.Jean-Marie Champagne
Une cinquantaine de surveillants ont bloqué, hier, l’accès au centre pénitentiaire de Laon.
 
Un épais nuage noir de fumée a flotté sur la prison de Laon, toute la journée de lundi. Noire comme la colère des surveillants confrontés, une fois de plus, à la violence d’un détenu. Dimanche matin, de retour d’une séance de sport, Lewis Peschet, qui doit comparaître en septembre pour le meurtre d’une lycéenne, a agressé un gardien avec une arme de fortune, avant d’être maîtrisé par d’autres membres du personnel.

« Les surveillants sont en danger », clame ce gardien, la quarantaine, dehors en soutien à son camarade agressé. Depuis 6 heures du matin, l’accès à la prison est bloqué, aucun visiteur ne peut y pénétrer. Seuls les parloirs de l’après-midi ont été maintenus. « On ne peut pas punir tous les gars pour le comportement d’un seul. »

« Des prisonniers de plus en plus violents »

Devant le centre pénitentiaire, un amas de pneus et de détritus divers accueille les arrivants. Les hommes en colère ont décidé d’y mettre le feu, « une tradition dans le monde des surveillants », précise l’un d’eux. Afin de renforcer l’impression d’unité autour de leur collègue, les trois syndicats présents sur le site de Laon, à savoir l’Ufap-Unsa justice, la CGT et le syndicat local pénitentiaire Force ouvrière, ont choisi de manifester leur ras-le-bol de façon unitaire.

« Nous avons fait le choix de ne pas porter les chasubles propres à nos syndicats respectifs, ni de tendre des banderoles, explique le secrétaire de la section locale FO. L a réaction du personnel va bien au-delà de l’appartenance syndicale. » Violence, agressions, parachutages, les gardiens du centre pénitentiaire en ont assez.

« On n’a plus les moyens de faire notre travail », déplore l’un d’eux. Les agressions se banalisent. « Nous demandons une réponse pénale forte de la part de la justice, qu’en aucun cas le détenu obtienne ainsi le transfert qu’il réclame. »

Les surveillants relèvent un changement de comportement chez les hommes dont ils ont la surveillance. « Nous avons des prisonniers de plus en plus violents, constate un professionnel. Comme la société, le milieu carcéral évolue. »

« On savait que ça allait arriver »

Dans l’affaire de dimanche, le profil particulier du détenu mis en cause n’a fait qu’exacerber les tensions. « Quand on connait le personnage, on est en droit d’avoir peur, avoue le surveillant agressé. Lorsqu’il nous dit ‘‘bouge pas’’, on bouge pas  ! » Néanmoins, grâce à son sang-froid, le pire a pu être évité.

Son épouse, à peine remise de ses émotions, ne cachait pas son énervement. « On savait que cela allait arriver ! » Fort heureusement, le couple est soutenu par l’ensemble de ses collègues d’ici et d’ailleurs. « Nous avons reçu de nombreux appels de soutien. »

Désormais, les surveillants laonnois espèrent pourvoir retrouver des conditions de travail normales. « Le climat devient de plus en plus pesant, il est à craindre que d’autres établissements connaissent à leur tour des mouvement de mécontentement. »

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