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mardi 1 avril 2014

Le frère de Mohamed Merah reste en prison

Abdelkader Merah a été mis en examen pour "complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et vol en réunion".

Abdelkader Merah MAXPPP
 
Abdelkader Merah reste en détention. C'est ce qu'à confirmé la cour d'appel de Paris ce mardi 1er avril. Frère de l'auteur des sept assassinats de Toulouse et Montauban, Abdelkader Merah a été mis en examen pour "complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et vol en réunion". Il avait fait appel de la décision.
Abdelkader Merah, frère de celui qui a assassiné trois militaires, puis trois enfants et un enseignant juifs avant d'être tué lors du siège de son appartement, avait livré un long monologue devant la cour d'appel de Paris qui examinait sa demande de remise en liberté, vendredi 29 mars.

Il ne reconnait que la justice d'Allah

Cheveux mi-longs ramenés en arrière dans un catogan, barbe taillée à la manière salafiste, vêtu d'un maillot de football, celui qui est à l'isolement depuis son arrestation il y a plus de deux ans s'est rendu à l'audience à huis clos. Il y a écouté la plaidoirie de son avocate, celles des parties civiles, et celle de l'avocat général, hostile à toute libération.
Puis, il s'est levé pour prendre la parole, et a commencé par réciter une longue sourate du Coran, s'attirant les remontrances de la cour. Abdelkader Merah a ensuite livré un monologue d'environ une heure, durant lequel il a évoqué la "justice d'Allah", la seule qu'il reconnaît, selon des participants. Il s'en est pris à celle des hommes, cette "pseudo-justice" qui lui a refusé de se rendre "sur la tombe de son petit frère".

Mohamed Merah n'est "pas mon héro"

Il a réfuté toute participation aux crimes de Mohamed Merah qui n'est "pas un héros" à ses yeux. Quant à savoir si son frère est "un martyr", seul le Prophète peut le dire, a-t-il argumenté. Il a expliqué qu'il condamnait désormais les actes de son frère puisque des théologiens saoudiens venaient de le faire. Il a légitimé "le jihad avec des règles", sans les préciser, tout en semblant parfois prendre ses distances avec une action violente.

Et de conclure que s'il était à la place de la cour, il n'accorderait pas de libération car elle relancerait la douleur des proches des victimes de Mohamed Merah, ont assuré plusieurs avocats des parties civiles. Samia Maktouf, une des avocates des proches des victimes a commenté :

Il nous a fait un prêche. S'ils n'ont pas la preuve de son endoctrinement après ça, je ne sais pas ce qu'il faut."
Selon le site internet de "L'Express", les parties civiles ont produit des enregistrements de conversations entre Abdelkader Merah et sa mère. Dedans, il semble exprimer sa fierté pour son frère cadet :
Par Allah, c'est le meilleur cadeau que m'a fait Mohamed", "Que Dieu ait son âme pour la bonne cause."

Un trouble exceptionnel à l'ordre public

A la sortie, tandis que leur client était reconduit en prison à Villepinte en Seine-Saint-Denis, les avocats d'Abdelkader Merah se sont refusés à tout commentaire. Le jeune homme avait fait appel d'une ordonnance rendue le 13 mars par une juge des libertés et de la détention (JLD) qui le maintenait en prison, où il est depuis plus de deux ans.
La magistrate insistait sur le risque de trouble exceptionnel à l'ordre public qu'un élargissement serait susceptible d'entraîner. Selon une source proche du dossier, elle relevait également dans son ordonnance que l'ampleur de la peine encourue pour complicité d'assassinats "pourrait l'inciter à se soustraire à la justice". La juge notait qu'Abdelkader Merah avait des liens avec des personnes installées en Egypte et que son père vivait en Algérie.

Rien ne permet d'incriminer Abdelkader

Fin 2013, un JLD avait demandé une "étude de faisabilité" d'une mise en liberté, sous bracelet électronique, d'Abdelkader Merah. Elle s'est révélée négative. Une personne qui avait accepté de l'héberger, s'était finalement désistée, selon des sources proches du dossier. Sa mère a proposé d'installer son fils dans un petit logement qu'elle occupe désormais en Ile-de-France.
Avant l'audience, son avocate Maître Tiffany Dhuiege avait expliqué que "rien dans le dossier" ne permettait d'incriminer Abdelkader Merah dans les crimes de son frère.

Nouvel Obs

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