Les syndicats UFAP/UNSa et Force Ouvrière (FO) de la maison d'arrêt de Druelle appellent à un mouvement contestataire, le 7 mai prochain, devant la prison.
Soutenu par les détenus, l'ensemble du personnel souhaite exprimer son mécontentement, suite à la décision de l'Administration d'augmenter la capacité opérationnelle de l'établissement, sans pour autant augmenter le nombre de surveillants.
Inauguré le 10 juin 2013, l'établissement apparaissait comme «un exemple à suivre, une maison d'arrêt pilote, à taille humaine qui devait favoriser la réinsertion des détenus», explique Christophe Meurtin, secrétaire locale FO, aux côtés de Stéphane Gobin, secrétaire adjoint. Il y a quelques semaines encore, tous les détenus étaient placés dans une cellule individuelle de 10 m2 mais une commande de 30 lits supplémentaires a été passée dernièrement afin d'accueillir 120 détenus, alors que les locaux ne s'y prêtent pas.Aujourd'hui, la maison d'arrêt compte 95 détenus et dispose de 89 cellules pour la détention, dont 4 réservées uniquement pour le quartier arrivant et de 10 places pour les personnes en semi-liberté. «Actuellement, nous sommes en surplus, déjà deux détenus dorment au sol sur des matelas. D'ici quelques semaines si les choses n'évoluent pas, ils devront se partager 10 m2, soit 5 m2 par détenu. Ils vont se marcher dessus. Les règles pénitentiaires européennes ne seront plus appliquées. Cela engendrera forcément des tensions. Les locaux ne sont pas extensibles, des problèmes vont donc se poser dans la salle de sport, dans celle des activités, au parloir, à l'infirmerie, à la bibliothèque mais également du côté du mobilier, pour les chariots repas ou encore les armoires dans les cellules. Nous ne sommes pas disposés à accueillir 30 détenus supplémentaires. Il nous manque déjà deux surveillants, cette nouvelle configuration aggraverait encore le sous-effectif du personnel et dégraderait nos conditions de travail», regrette Christophe Meurtin. Les heures de formation pour chaque détenu vont, elles aussi, diminuer et le taux d'absentéisme des professionnels risque, au contraire, d'augmenter. «Nous allons droit dans le mur. Jusqu'à présent, on pouvait bien faire notre métier, désormais cela va être très compliqué. Les détenus subiront encore plus que nous ces dégradations. Le nombre d'agressions va augmenter, c'est certain».
FO a assuré que si l'installation des 30 lits supplémentaires n'avait pas lieu alors, leur mouvement contestataire cesserait.
Jusqu'à présent, la maison d'arrêt de Druelle affichait un taux d'occupation normal, malheureusement elle risque, comme dans la majorité des prisons françaises, de connaître, d'ici peu, la surpopulation carcérale, moins d'un an après son inauguration.
À la ministre de la Justice
Les deux syndicats de la maison d'arrêt de Druelle ont envoyé une lettre ouverte à Christiane Taubira, actuelle garde des Sceaux et ministre de la Justice. Présente le 10 juin 2013, lors de l'inauguration, elle avait «vanté l'établissement pilote par son architecture, sa capacité, sa lumière naturelle, les divers lieux qui devaient favoriser la réinsertion ou encore les cellules non luxueuses d'environ 10 m2 et avait affirmé que cet établissement devait être une vitrine pour l'Europe». Les deux syndicats constatent malheureusement que «ces belles paroles ne sont pas tenues et que les actes vont dans le sens inverse. L'augmentation inévitable d'un climat anxiogène pour les détenus et le pour le personnel ne semble plus être votre priorité. Nous ne pouvons pas tolérer de telles contradictions, sans l'augmentation de l'organigramme de notre établissement». En effet, la direction interrégionale sous l'autorité de la direction de l'administration pénitentiaire a passé une commande de 30 lits supplémentaires afin d'accueillir 120 détenus, d'ici juin prochain, sans pour autant recruter du personnel. «Pensez-vous que cela améliore nos conditions de travail ?, interrogent FO et UFAP/UNSa, avant de terminer leur lettre par «La politique, c'est d'abord la gestion des contradictions».
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