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vendredi 11 avril 2014

Nancy - violences à la prison, une avocate porte plainte

Attention: cet article de l'Est Républicain, bien qu'au conditionnel, porte de graves accusations contre des agents...
 
Un détenu de la prison de Nancy-Maxéville aurait été frappé et humilié par des surveillants. Son avocate, Me Delphine Mercier, a porté plainte.
 
Nancy : « Des pratiques d’un autre temps »
 
Dans son rapport 2013, présenté le 11 mars dernier, Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, détaille, en page 28, les motifs des plaintes des détenus à l’intention de l’administration pénitentiaire.
Quatre grandes catégories : un, la plainte pour atteintes aux biens (disparitions d’effets lors des transfèrements, non restitution d’objets déposés à la fouille) ; deux, la plainte pour harcèlement (discriminations répétées de la part de membres du personnel, avantages qui ne sont pas accordés dans les domaines du travail et de la formation) ; trois, la plainte pour non-assistance à personne en danger (des personnes qui, se sentant en mauvaise santé, et parfois en risque de grave accident sanitaire, ont le sentiment de ne pas avoir accès aux soins nécessaires) ; quatre, enfin, la plainte pour violences, survenues en général au moment d’un placement en cellule disciplinaire en prévention.
La plainte déposée le 21 janvier par Me Delphine Mercier, l’avocate de Bruno T., incarcéré au centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville, est à ranger dans la quatrième catégorie. Elle porte sur des « violences volontaires en réunion » et « traitement inhumain et dégradant » qui auraient été commis par des surveillants pénitentiaires.

Suite à un incident survenu dans la matinée du 7 janvier dernier, Bruno a été envoyé immédiatement au quartier disciplinaire, à « titre préventif », dans l’attente de sa comparution devant la commission de discipline, prévue deux jours plus tard.

A son arrivée au mitard, Bruno assure que le personnel pénitentiaire l’a allongé sur un matelas, qu’un surveillant lui a « écrasé la colonne vertébrale » et qu’un autre lui a retiré son pantalon afin de procéder à une fouille.

Le détenu aurait été placé en cellule sans son pantalon et quand le surveillant chargé de l’enquête disciplinaire s’est présenté, il lui aurait demandé la permission de demeurer debout, « le sol et la chaise du mitard, en béton, étant particulièrement froids ». Le surveillant lui a alors indiqué son refus de faire l’enquête.

« Depuis il a perdu son emploi aux ateliers… »

Quelques minutes plus tard, trois agents seraient revenus au mitard. Deux d’entre eux auraient alors sorti Bruno de la cellule vers la coursive en le tirant par la tête, et l’auraient emmené jusqu’à la cour de promenade.

Le détenu aurait alors été plaqué au sol, l’un des surveillants l’aurait alors frappé à plusieurs reprises à l’œil. Vêtu uniquement de son caleçon, Bruno serait alors resté plusieurs heures dans la cour de promenade et n’aurait réintégré sa cellule qu’après la tombée de la nuit. Le médecin venu le visiter le lendemain dans le cadre de la mise en prévention – c’est une obligation – aurait relevé un cocard.
« Ces pratiques sont d’un autre temps », relève Me Delphine Mercier. « Il a été frappé et est resté en caleçon dans la cour de promenade, alors qu’il faisait froid. On lui a fait subir une véritable humiliation. À ma connaissance, le procureur a fait diligence et a ouvert une enquête préliminaire car Bruno T. a été entendu par les services de police au sein de la détention ».

Condamné deux jours plus tard, le 9 janvier, par la commission de discipline à 30 jours de mitard, Bruno a fait un « recours hiérarchique ». Le 14 février, la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg a annulé la sanction.

« Depuis cette date, curieusement, Bruno T. a perdu son emploi aux ateliers et a dû intégrer une cellule avec un fumeur alors qu’il ne fume pas… », assure Me Mercier. « Pendant ce temps, j’ai le sentiment qu’il ne se passe rien alors que tout a été filmé. Il y a en effet des caméras de surveillances dans la coursive et dans la cour de promenade. Et, à ma connaissance, aucune enquête interne à l’administration pénitentiaire n’a été lancée ».

Joint hier, le directeur du centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville Yannick Massard a indiqué qu’il n’avait « pas de commentaires à faire ».
Est Républicain

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