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jeudi 3 avril 2014

Nantes - La surveillante livrait shit et téléphones

En 2010 et 2011, une surveillante est tombée sous le charme de deux détenus. Pour eux, elle a introduit en détention drogue et téléphones.

Les téléphones et la résine de cannabis circulent en prison beaucoup plus facilement qu'on ne l'imagine. Ce qui pose une question évidente : comment donc cette marchandise prohibée pénètre-t-elle derrière les hauts murs ? Une des possibilités, la plus folle à mettre en oeuvre, mais aussi la plus efficace, est d'avoir un surveillant de prison dans sa manche. Les cas sont rares. Il y en a un qui a été dévoilé à la faveur d'une écoute téléphonique mise en place dans une tout autre affaire. Autrement dit, par hasard.

On parle d'une femme d'une trentaine d'années qui était surveillante à la maison d'arrêt de Nantes. En 2010, fraîchement mutée de Fleury-Mérogis, elle a vacillé lors d'une rupture délicate. À deux reprises, elle est tombée amoureuse de détenus. « Sa seule dépendance, résume son avocate, maître Stéphane Baikoff, c'est la dépendance affective. Incapable de résister. Face à un homme, ses valeurs volent en éclats. Elle est incapable de repousser les avances. »

Les détenus auraient su en profiter. Le second de ses prétendants est trafiquant notoire de stupéfiants. Éperdument amoureuse ou complètement perdue, elle s'est mise à introduire à la maison d'arrêt tout ce qu'il voulait. Un téléphone ? Non, une trentaine ! Sur une écoute téléphonique, avec l'amie qui lui fournissait ces appareils, elle-même s'étonnait : « Qu'est ce qu'ils font des téléphones ? Ils les bouffent ? »

Pas un centime gagné

Un portable, en détention, ça se monnaye. « Et ça permet aussi de donner des ordres à l'extérieur », gronde la procureur. Utile, par exemple, pour organiser un petit trafic de stupéfiants. Comment donc cette surveillante passait-elle les portiques de sécurité ? « Le coup de la ceinture », observe le président du tribunal. Pensant que la grosse boucle métallique faisait sonner les détecteurs de métaux, les collègues ne faisaient pas de zèle et la laissaient entrer. « Elle avait aussi remarqué que l'ancien portique ne fonctionnait pas par moments, tôt le matin ou le week-end », précise l'avocate de l'ex-surveillante. La jeune femme, âgée d'une trentaine d'années, était sacrément surendettée, mais n'a manifestement pas gagné un centime dans l'histoire.

Plus facile à faire entrer est le cannabis. À la demande de celui qu'elle rêvait en petit ami, elle a passé des plaquettes de cannabis. Jusqu'à 100 grammes d'un coup. « Chez vous, lors de la perquisition, on a saisi 1,2 kg... » rappelle le président du tribunal. De la drogue livrée par un inconnu, qu'elle n'avait pas à payer.

Un autre délit, enfin, lui est reproché. Celui-ci ne risquait pas être dévoilé par des détecteurs : elle tuyautait le détenu sur les prisonniers les plus surveillés. « Pourquoi tout ça ? Ils me l'ont demandé ! Je ne me sentais pas bien. Je trouvais du réconfort auprès d'eux. Je m'attachais. J'ai gâché ma vie. Je regrette ».

L'ex-surveillante écope de deux ans d'emprisonnement, dont 21 mois de sursis. Le détenu est condamné à un an de prison.
Ouest-france

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