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lundi 21 avril 2014

Nouveau record de surpopulation carcérale avant l'examen de la réforme pénale

Avec 68.859 personnes incarcérées, le nombre de détenus atteint un nouveau record au 1er avril, une tendance que Christiane Taubira voudrait précisément inverser avec son projet de réforme pénale dont l'examen est prévu en juin.
 
68.859 personnes étaient incarcérées au 1er avril, établissant un nouveau record du nombre des détenus en France - Charly Triballeau/AFP
68.859 personnes étaient incarcérées au 1er avril, établissant un nouveau record du nombre des détenus en France

En la matière, les records succèdent aux records -le précédent remontant au 1er juillet 2013 avec 68.569 personnes incarcérées- alors que la question des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre la surpopulation pénale oppose la gauche et la droite.

Au 1er mars, la capacité des établissements pénitentiaires était en effet de 57.680 places soit un taux d'occupation de 119,38% par rapport au nombre de places disponibles.

Alors, quelles solutions? Développer les peines alternatives à l'emprisonnement comme le propose la gauche qui dénoncent l'inefficacité des peines planchers et du tout carcéral des années Sarkozy ou construire de nouveaux établissements pénitentiaires comme le martèle la droite qui taxe la garde des Sceaux de laxisme.

Le débat devrait à nouveau enflammer l'assemblée nationale en juin à l'occasion de l'examen du projet de loi Taubira sur "la prévention de la récidive et l'individualisation des peines".

Mais en attendant, le malaise grandit dans les prisons autant chez les détenus, avec une multiplication d'incidents et de prises d'otages, que pour le personnel pénitentiaire qui juge de plus en plus difficile sinon impossible d'exercer sa mission dans les conditions actuelles.

Selon les derniers chiffres de l'administration pénitentiaire, l'accroissement du nombre des détenus a été de 0,6% par rapport au 1er mars lorsque 68.420 détenus avaient été comptabilisés et de 2% sur l'ensemble de l'année.

Parmi eux, le nombre de mineurs incarcérés, au nombre de 778 soit 1,1% des personnes détenues, a également connu une augmentation de 4% en avril par rapport au mois précédent.

"Battus ou frôlés chaque mois, les records de surpopulation carcérale nous sont familiers". Mais, pour" combien de temps encore" et "à quel prix" cette situation peut-elle durer", interrogeait mercredi le syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT) qui appelait la garde des Sceaux a réagir sans attendre face à cette situation.
-"Le plus grand danger"-

"La surpopulation pénale, dont nous souhaitons une statistique mensuelle et plus annuelle à l'instar de celle des publics écroués, est le plus grand danger pour la population en général", met en garde le syndicat.

"Confrontés au défi du nombre, nous n'avons plus assez de temps pour dialoguer, expliquer, rassurer parfois (...) pas assez de temps pour connaitre les détenus (...) la surpopulation est l'échec de nos missions", proclame-t-il.

"Nous sommes usés, nos personnels sont fatigués par des journées à flux tendus", insiste le SNDP-CFDT, qui évalue le personnel manquant à 1.000 surveillants et au moins une trentaine de directeurs. "Nous ne pouvons travailler correctement (...) et nous le ferons savoir à la nation", préviennent les représentants des directeurs de prison.

Pour le syndicat, il faudrait non-seulement créer de nouvelles places de prison mais aussi développer les aménagements de peine pour les petits délinquants, assurer une politique dynamique de réaffectation des détenus dans des établissements disposant encore de places, mais aussi aller "rapidement et courageusement" au bout de la réforme pénale.

Le texte de loi controversé prévoit la suppression des peines planchers et la création d'une contrainte pénale, une peine de probation exécutée en milieu ouvert pour des délits passibles de cinq ans de prison au maximum (80% des condamnations pour délits).

Selon une étude du groupe de réflexion Terra Nova, proche du PS, les peines planchers mises en place sous Nicolas Sarkozy auraient suscité en trois ans une augmentation de 4% du niveau moyen des peines d'emprisonnement prononcées, soit 4.000 années de prison supplémentaires par an.

En revanche, pour l'Institut pour la justice, association de droite hostile à la réforme pénale, la seule solution pour les prisons réside dans la construction de 20.000 places supplémentaires.

Christiane Taubira a obtenu pour l'heure la construction de 6.500 places financées à l'horizon 2018. 133 postes ont été créés en 2013 au sein de l'administration pénitentiaire, essentiellement de surveillants, et 432 sont budgétisés pour 2014.

Le Premier ministre Manuel Valls a confirmé mercredi la sanctuarisation des investissements prévus pour la justice et l'administration pénitentiaire.

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