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jeudi 15 mai 2014

Agen - "Les prisons ? Qui sait ce qu'il s'y passe ?"

Suite et fin du congrès du syndicat UFAP majoritaire dans la pénitentiaire à Boé.

Nadia témoigne sur la condition des surveillantes dans l'univers carcéral./Photo DDM Archives
 
Surveillant de prison peut aussi se conjuguer au féminin. Nadia y retourne lundi. Les blagues sexuelles ? «Franchement, quand on a comme moi 15 ans de métier, c'est presque devenu une banalité. Quand cela ne dépasse pas une limite qu'on s'est fixée, et qui est souvent respectée, ce n'est pas si grave que cela». Lundi, Nadia doit à nouveau franchir le seuil de sa maison d'arrêt, loin d'Agen.

Une semaine passée en Lot-et-Garonne. Par hasard, elle a découvert l'École d'administration pénitentiaire (ENAP), qu'elle connaissait de nom. Sa formation, elle l'a faite à Paris, Fleury-Mérogis. «On nous apprend la théorie. La pratique, c'est à la maison comme on dit. On apprend à nager quand on nous jette à l'eau, parmi les détenus». Nadia n'a jamais été agressée, une fois poussée «par un type fou de rage parce qu'il n'avait pas vu sa fille au parloir. Il s'est calmé tout seul. Parfois, ça se passe bien».

Mot de la fin

Parfois, ça se passe beaucoup moins bien. «Qui sait seulement, à part nous, ce qui s'y passe ? Quand on est une femme dans le milieu carcéral, le respect n'existe pas ou alors il s'exprime sous une autre forme. Les mots ne sont pas choquants. Ce qui l'est en revanche, c'est l'état d'esprit qui naît des tensions entre eux. Les rapports de force se croisent entre les relations qu'ils entretiennent entre eux, les liens que certains veulent instituer avec nous parfois par intérêt». Une de ses collègues s'est fait agresser par une femme, pour un motif anodin : «On ne voulait pas y croire, il était question de coupe de cheveux, je crois. C'était ridicule, mais cela a généré des tensions dans la cellule, entre les filles».
Avant de reprendre la route pour quelques centaines de kilomètres, Nadia n'a pas raté un mot des paroles de Jean-François Forget, le numéro 1 réélu de l'UFAP Unsa Justice.

«Quand il dit qu'on est pris pour de la merde, il n'a pas tort. Ce n'est pas qu'un discours syndical, c'est du concret.»

Le secrétaire national de ce syndicat majoritaire dans la profession a eu le droit à une salve d'applaudissements : «Sans prison, il n'y a pas de démocratie».
 

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