En attente d'une réponse de la Garde des Sceaux Christiane Taubira, l'arrivée de trente lits supplémentaires, tant redoutée par les surveillants pénitentiaires, s'est concrétisée hier matin, non sans l'intervention d'une vingtaine de gendarmes.
Hier matin, devant les portes du «pénitencier» de Druelle, il aura finalement fallu environ deux heures, soit l'équivalent d'un match de football avec prolongations, pour que la rencontre «improvisée» entre les surveillants pénitentiaires en colère et les forces de gendarmerie se solde par une victoire attendue des militaires.
«Cela fait aujourd'hui plus d'un an que Christiane Taubira a inauguré cette prison modèle, rappelle Estelle Augusto, de l'UFAP-UNSa Justice. Le souci, c'est que ce matin, l'administration pénitentiaire s'apprête, avec 30 lits supplémentaires, à accroître sa capacité de 30 %, passant de 100 places à 130. Nous, surveillants, on ne veut pas passer d'un établissement modèle à une maison d'arrêt de la honte comme dans la plupart des prisons de France où la surpopulation carcérale fait loi.»
«notre mouvement pas dirigé contre les détenus»
Jeudi dernier, les surveillants en colère avaient pris part, une nouvelle fois, à un mouvement national à l'appel du premier syndicat des personnels pénitentiaires (UFAP-UNSa) ? Ce jour-là, plus de 3 000 personnels (en repos ou en congés) se sont mobilisés devant une centaine d'établissements pour dénoncer entre autres, leurs conditions de vie et de travail devenues de plus en plus difficiles (69000 détenus pour 57 places en France) et revendiquer le recrutement massif de personnels et notamment de 800 emplois de surveillants dans l'hexagone.
Trois blocus ont donc retardé l'arrivée des deux camions amenant les lits qui devraient permettre de doubler une vingtaine de cellules. De 9 h 45, heure d'arrivée des gendarmes à 11 h 45, horaire de fin de la dernière «mêlée» pacifique mais virile entre surveillants et forces de l'ordre devant les portes de la prison, les gardiens ont fait montre de leur ire avec intelligence sans recourir à une violence qui «aurait pu leur coûter cher», mais plutôt à grands coups de sifflets stridents.
Enfin, en guise de baroud d'honneur et avant d'autres luttes à venir, les surveillants ont mis un point d'honneur à ne pas laisser entrer les salariés de la Sodexho venus assurer la cantine des détenus. «Rassurez-vous, les repas sont préparés pour trois jours depuis samedi dernier. Après, notre mouvement n'est en rien dirigé contre les détenus, a insisté Christophe Meurtin, délégué Syndical FO du site. La preuve, certains d'entre eux ont écrit au contrôleur général des prisons car ils ne veulent pas être à deux en cellule.»
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