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lundi 15 septembre 2014

Avenir de la prison à Nice: le "oui mais" du quartier

Partagés, les riverains de la maison d’arrêt veulent surtout protéger leur tranquillité. Si la prison déménage, ils craignent le pire à son emplacement ; si elle reste, il faut réduire les nuisances
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La prison de Nice vue des balcons du 15e étage de la copropriété Le Lyautey.

La municipalité souhaiterait garder la prison à Nice. Trois hypothèses sont, pour cela, envisagées : une reconstruction sur place, un déménagement sur le site de la caserne Auvare et des terrains militaires autour. Et enfin, les emprises RFF de la gare Saint-Roch. Cette annonce, faite jeudi par Christian Estrosi, a déjà fait le tour des quartiers.

Autour de la maison d'arrêt, depuis plus de 20 ans que l'on évoque son départ, on a l'habitude des rebondissements. Et finalement, les riverains restent partagés.

>>LIRE AUSSI. La nouvelle prison de Nice se fera bien sur un terrain niçois

« C'est sûr, je préférerais qu'elle ne soit pas là. Il y a beaucoup de bruit. Quand il y a des transferts de détenus, les camions de police, les agents masqués, tout ça crée beaucoup d'agitation. C'est impressionnant, notamment pour les enfants qui vont à l'école Jules-Ferry, à côté », rapporte Mounira Ben Salem, mère de famille qui habite juste derrière.

« Une sécurité »

« Heureusement, mon balcon donne aujourd'hui de l'autre côté. J'ai habité huit ans en face, je n'en pouvais plus ! Il y avait du bruit tous les soirs, des cris. Je dormais mal », glisse une de ses voisines, devant les boîtes aux lettres de l'immeuble.

« Franchement, moi, elle ne me gêne pas du tout », contre-argumente Hélène Orsini, gardienne de la copropriété Les Eaux fraîches, rue Nathalie-Masse, depuis 16 ans.

« Il y a les miradors, les rondes de police fréquentes. Finalement, c'est une sécurité pour le quartier. Le côté négatif, c'est l'image. Dès qu'on monte au 4e, 5e, on a vue sur la prison, ça empêche souvent des ventes d'appartement. Mais au quotidien, ce n'est pas un problème. Et puis surtout, si elle part, on ne sait pas ce que l'on aura à la place… »

C'est bien là-dessus que la majorité insiste.« Ce qui nous importe beaucoup, c'est : la faire partir oui, mais pour quel projet à la place ? », résume Pierre Bayonne.

Gardien des immeubles Le Lyautey depuis 14 ans, il a parfois du mal à faire la chasse aux individus qui s'introduisent dans la copropriété pour« jeter des paquets par-dessus les murs d'enceinte », dit-il.
Mais« voir se monter des barres d'immeubles, comme en est déjà saturé le bas Pasteur, ce serait encore pire. Ce qu'il faudrait ? Des espaces pour les jeunes, qui n'ont que le jardin Louis-Pin pour s'amuser ».

« Permettre de respirer »

Un avis complètement partagé par Raymond Lefevre. Pour le président du comité de quartier Expositions - Gendarmerie - Lyautey - Bas Pasteur, qui suit le dossier depuis des lustres, « 75 % de la population du quartier souhaiterait qu'elle déménage sous conditions ».

« À la place de cette prison,suggère-t-il,on pourrait faire quelque chose qui permette à ce quartier asphyxié de respirer. Un jardin, des stationnements en sous-sol pour soulager les riverains qui ne peuvent pas se garer. Quelques logements mesurés, pourquoi pas des logements de fonction pour le CHU par exemple ? »

Méticuleux, Raymond Lefevre n'oublie pas non plus les annonces faites en 2012, coupures de journaux à l'appui : « À l'époque, Christian Estrosi parlait d'un "poumon vert" à la place de la prison, on évoquait même une crèche et des équipements sportifs… Quoi qu'il en soit,estime-t-il, il serait sage d'attendre la mise en service de Pasteur II avant d'envisager quoi que ce soit sur le quartier ».
 
Nice Matin

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