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jeudi 11 septembre 2014

Bientôt le retour de surveillants à l’abbaye-prison de Loos?

La démolition de la prison de Loos est en cours. L’administration pénitentiaire « prépare le terrain » en vue de la reconstruction d’une nouvelle prison, annoncée depuis des années.
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La décision n’a pas encore été prise par la chancellerie. Mais dans un premier temps, ce sont peut-être les surveillants qui viendront occuper le terrain.
Dans l’enceinte de la prison de Loos, les gravats s’accumulent depuis que la démolition des bâtiments annexes est en cours. Sous l’action des grignoteuses, l’ancienne cafétéria du personnel a disparu ainsi que les bâtiments qui abritaient les fonctionnaires et leurs locaux de formation. Idem pour le local destiné à l’accueil des familles venant visiter les détenus de la maison d’arrêt. En fait, quand on regarde le site face à l’entrée de l’ancienne prison toute la partie droite a été démolie.

Le chantier commencé le 23 juin 2014 doit se poursuivre jusqu’en octobre. C’est la première phase de ces travaux destinés à faire place nette. La déconstruction de la maison d’arrêt qui doit débuter fin 2014 se poursuivra tout au long de 2015.

Mais pour l’instant, aucune date n’est avancée pour la reconstruction. Cette décision « dépend du politique ». Et actuellement l’avenir du nouvel établissement est suspendu au futur plan triennal, indique Alain Jego directeur interrégional de l’administration pénitentiaire. Le nouvel établissement fera-t-il partie du plan triennal de programmation immobilière des prisons 2015-2017 ? Apparemment on cultive le suspens au ministère de la Justice.

Abbaye prison

Une certitude en revanche : la conservation de l’abbaye prison qui abritait le centre de détention est confirmée par le directeur interrégional. Cependant sa future destination demeure également dans le flou. « Nous réfléchissons à la manière de nous réapproprier ce bâtiment », répond Alain Jego. Là non plus, il n’y a pas de calendrier arrêté. Toutefois, l’ancienne abbaye pourrait servir de locaux aux personnels pénitentiaires qui seront chargés, dès la fin 2015, de l’extraction de détenus. En effet suite à une réforme, les personnels pénitentiaires sont appelés à jouer le rôle jusque-là dévolu aux forces de l’ordre. « Les équipes pourraient être implantées dans l’abbaye prison. »

Alain Jego ne peut pas non plus préciser quel sera le nombre de places réservées aux détenus dans le nouvel établissement. Ni si sera construite une maison d’arrêt ou un centre de détention. Là encore, dit-il, « c’est une question de choix politique ».

Tout ce que l’on peut dire, c’est que le projet de construction d’une prison à Loos est dans l’air. Les travaux réalisés sur le site de 17 hectares vont dans ce sens. « On prépare le terrain afin d’être prêt dès que la décision sera prise. » Reste une évidence : « Le besoin de nouvelles places pour les détenus dans le Nord – Pas-de-Calais existe », appuie Alain Jego. De leur côté, les surveillants en juin l’ont fait amplement savoir lors de leurs mouvements de protestation contre la surpopulation carcérale.

Le mémorial du Train de Loos est démoli. Sera-t-il reconstruit ?

Le Mémorial du Train de Loos n’est plus qu’un tas informe de briques portant encore çà et là les couleurs bleu et blanche symbole du costume rayé des déportés. Cette démolition accompagne celle de la prison.

Michel Loncke, le secrétaire de l’Amicale du Train de Loos n’est pas surpris. Après la désinstallation des plaques de bronze et de l’oriflamme en 2011, cette conséquence est logique. Les plaques qui portent le nom des 871 déportés avaient été démontées en octobre par la commune afin de les protéger d’intrus attirés par la désaffection de la prison en octobre 2011. Les plaques sont à l’heure actuelle remisées dans les locaux de la mairie.

Mais quant à la démolition, à vrai dire, l’Amicale n’a pas eu son mot à dire. « Le terrain appartient aux autorités carcérales. Ce sont eux qui décident, mais nous n’avons évidemment pas demandé que le mémorial soit détruit. » Loin de s’enfoncer dans les regrets, l’Amicale préfère regarder vers l’avenir : « Ce qui nous intéresse, c’est la reconstruction d’un lieu de mémoire. » L’association possède d’ailleurs un document signé en 1972 par le ministère de la Justice mettant à sa disposition gratuite une surface propre à recevoir une stèle commémorative.

Mais va-t-on la reconstruire ? Et quand ? Toute la question est là. Le sujet est d’autant plus sensible que les survivants de la tragédie aujourd’hui ne sont plus que neuf. Et très âgés. Sans oublier non plus combien l’édification de ce site avait demandé d’efforts et d’énergie au président James Venture et à ses amis.

Notre position est claire, déclare Michel Loncke : « Comme les autorités carcérales ont décidé de démolir le Mémorial, qu’elles le reconstruisent comme elles en avaient le projet ! »
Pour Alain Jego, directeur interrégional de l’administration pénitentiaire, la construction d’un nouveau lieu de mémoire est acquise. À un détail près. Cela n’interviendra que si le projet de la nouvelle prison abouti !

En chiffres

En juin, lors du mouvement de colère des surveillants contre la surpopulation dans les prisons, voici les chiffres qui avaient été donnés par le syndicat UFAP : 800 détenus à Sequedin pour 600 places et 750 détenus à Annoeullin pour 680 places.

À Loos, le centre de détention (369) et la maison d’arrêt (438) comptaient 807 places.
La Voix du Nord

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