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mercredi 5 novembre 2014

Aix - torturé par son codétenu dans le huis-clos d'une cellule

Si le ministère n'était pas hors la loi depuis 139 ans sur l'encellulement individuel, ceci n'existerait pas ! Quand condamnerons-nous les politiques et haut-fonctionnaires pour complicité ?

Un détenu jugé pour violences en détention. Le pronostic vital de la victime avait été engagé.
Avant son incarcération à Luynes, pour purger sa peine de huit mois, Stéphane avait confié qu'il avait "très peur de la prison" : se présentant comme "vulnérable", il redoutait d'y subir des violences. Cinq jours seulement après son arrivée, en mai 2013, ce détenu, qui avait fait part de son mal-être, allait subir de véritables tortures infligées par Éric Lebot, son codétenu. Il a comparu pour s'en expliquer devant le tribunal correctionnel.

La juge, Stellina Boresi, énumère longuement, dans un silence assourdissant, les blessures relevées sur la victime : 19 impacts de violences ; fractures au visage ; épanchements pulmonaires ; côtes fracturées ; plaies à la tête ; ecchymoses et hématomes au visage et sur les bras, dans le dos et sur les fesses ; des traces pouvant laisser craindre une pénétration anale avec un objet... soit une ITT de 90 jours.

Son pronostic vital avait été engagé et la victime était restée dans un coma artificiel. La veille, rappelle la juge, Éric Lebot aurait proféré des menaces, expliquant que son codétenu lui avait fait des avances. Élément démenti par la victime.

Des témoins, dans la nuit, avaient entendu des bruits sourds, "comme si on tapait une tête contre le mur" et aussi des menaces et des insultes. Au petit matin, les surveillants avaient découvert que l'oeilleton avait été bouché avec de la mousse à raser. Stéphane, lui, avait enduré une douzaine d'heures de violences. La juge précise qu'il ne s'était pas manifesté quand les surveillants avaient fait des rondes : "Il ne s'agit pas là de faire le procès des services pénitentiaires qui gèrent plus de 1 000 détenus pour 600 places. Ils travaillent dans des conditions déplorables...", insiste la présidente.

"Il souhaite vraiment laisser tout ça derrière lui"

Tous deux se trouvaient au QOS, quartier d'observation spécialisé. Et peu avant les faits, un signalement avait été opéré : on soupçonnait Lebot de se livrer à des malveillances. Avec "risque de pétage de plombs".

Est-ce précisément ce qui s'est passé, dans le huis-clos d'une cellule de 9 mètres carrés ? "Il ne se souvient de rien, soupire Me Caroline Depouez, l'avocate de Stéphane qui, lui, n'est pas là. Il souhaite vraiment laisser tout ça derrière lui."

Debout dans le box, agité, Lebot commence par dire qu'il a des problèmes et suit un traitement. "Avec l'incarcération, le cumul de garder les choses pour moi, j'étais à bout... J'étais présent mais fatigué." Plus tard, il lâchera que tout ça, ça lui avait fait rater sa permission. Et qu'il l'avait cherché, qu'il avait eu ce qu'il méritait, son codétenu.

"Je devais aller voir ma famille, il m'a gâché ma permission ! Lui, c'est un manipulateur, il disait avoir été frappé pour être changé de prison !" Me Depouez rappelle la fragilité de la victime avant les faits et la gravité des blessures infligées cette nuit-là, pour demander une expertise médicale poussée.

Puis, c'est le procureur Rémi Avon qui va redire la vulnérabilité de la victime, déférée le 21 mai 2013, incarcérée et tabassée dans la nuit du 26 au 27. "Il va vivre un calvaire, de l'extinction des feux jusqu'au petit matin et dans le noir, puisqu'au bout d'un moment, les lampes ne marchent pas. Il ne se plaint pas quand les surveillants font leurs rondes. La question, c'était de savoir si sa place était en prison, ou dans un centre spécialisé."

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