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dimanche 14 décembre 2014

Affaire Lepaon : les questions qui agitent la CGT

Revenus, indemnités, factures trop élevées : le leader syndical Thierry Lepaon peine à convaincre, à la veille d'une réunion au sommet.
Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 13 octobre. Thierry Lepaon pose dans son bureau dont la rénovation a coûté 62 000 € à la CGT.
Thierry Lepaon pose dans son bureau dont la rénovation a coûté 62 000 € à la CGT
 
La suspicion est à tous les étages à la CGT. Depuis plus d'un mois, le secrétaire général Thierry Lepaon se défend, allant récemment jusqu'à dévoiler son salaire, ses impôts... comme le demandaient ses détracteurs. Le 5 décembre dernier, il a lâché devant une dizaine de personnes : « Je gagne 5 000 € par mois et je paie 22 000 € d'impôts par an.
» Problème : Thierry Lepaon serait alors énormément taxé... plus d'un tiers de son salaire y passerait. Cette déclaration censée lever tous les soupçons a eu l'effet inverse, y compris chez les fidèles de Lepaon, qui désormais s'interrogent.

Y a-t-il eu une surfacturation des travaux ?


Un lot de parquet flottant à 11 498 €, la plomberie et le carrelage à 24 067€ ou un lot de mobilier à 28 500 €... De l'appartement au bureau, les dispendieux devis font tourner les têtes. Et si cela cachait autre chose ?
Jusque-là, on en parlait sous le manteau. Mais un élément nouveau est venu relancer les conjectures. Mardi, devant la commission exécutive, le président de la commission de contrôle (une instance indépendante mandatée pour faire la lumière sur les affaires), Michel Faivre-Picon, a remis un rapport d'étape.
 
Selon nos informations, les montants des travaux ont été jugés beaucoup trop élevés. Une seule entreprise avait accepté de faire les travaux au pied levé, moyennant une rémunération plus importante, avait fait valoir il y a quelques semaines l'ex-trésorier Eric Lafont. « Pas suffisant » aux yeux de la commission. Dans l'assistance, certains ont posé la question d'une possible surfacturation. « Pas dans les premières analyses », a répondu Faivre-Picon, avant d'assurer qu'il poursuivait les investigations.

Que cache la prime de départ ?

Mardi dernier aussi, Thierry Lepaon a dû s'expliquer sur la prime de départ touchée lorsqu'il est passé de la direction du comité régional CGT de Normandie au poste de secrétaire général de la confédération en mars 2013.
A-t-il touché 100 000 €, comme le disent de tenaces rumeurs ?
 
Selon nos informations, il s'agit bien d'une somme totale de 100 830 € qui a été payée par la CGT de Montreuil au comité régional CGT de Normandie pour solde de tout compte du salarié Lepaon (arrivé à Paris en novembre 2012 et devenu leader national en mars 2013).
 
Dans le détail : il s'agit de 26 000 € de salaires entre novembre 2012 et mars 2013 ; 6 000 € de frais (hôtels, cigarettes... et repas) ; 60 800 € d'indemnités de départ brut (soit 31 000 € net), pour compenser trois ans de chômage entre 2001 et 2003.
Deux virements ont été effectués par la CGT, sur le compte du comité régional normand, l'un rétroactif pour 2012 au titre des salaires visés, l'autre sur les comptes 2013. Reste la question principale. Pourquoi la CGT de Montreuil a-t-elle dû payer cette somme alors que c'était au comité régional normand de le faire ?
Un mail de menace envoyé d'un cybercafé
Qui en veut au secrétaire général ? Cherche-t-on à nuire plus largement à la CGT ? Les deux questions hantent depuis des semaines les couloirs de la grande cathédrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Un salarié licencié qui réglerait ses comptes ; un mystérieux corbeau choqué par certaines pratiques ; des opposants de la première heure au successeur de Bernard Thibault, complotistes de l'intérieur ? Même si Thierry Lepaon a déjà sa petite idée et penche pour cette théorie du complot venu de l'intérieur, rien n'est à exclure. Sans compter d'autres pistes encore... Une chose est sûre : quelqu'un a bien mis la main sur un dossier confidentiel, dont des éléments ont fuité dans la presse. Retour sur les étapes de cette lente descente aux affaires.

Un mystérieux mail de pression.Début septembre, selon nos informations, un mail a été adressé au siège de la confédération, à la direction de la centrale. L'auteur prend alors bien garde de protéger son anonymat : ce courriel est envoyé depuis un cybercafé et via une adresse cryptée, comme le révélera une enquête en interne. Et pour cause : il s'agit d'un mail de menace rédigé par quelqu'un se revendiquant être « un militant de l'UMP ». L'auteur écrit être au courant des « travaux exorbitants » faits par la centrale pour le compte du secrétaire général. Il menace de faire des révélations. Deux mois après...

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