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lundi 19 janvier 2015

Un ex-détenu d’Orléans raconte comment il a résisté à l’islam radical

Incarcéré il y a plus de dix ans à la maison d’arrêt d’Orléans, un ancien détenu évoque sa relation avec les prisonniers radicaux.
 
C’est dans l’établissement orléanais, aujourd’hui fermé, qu’un ancien détenu affirme avoir eu son premier contact avec un groupe de prisonniers qui se radicalisaient.?Photo d’archives/Pascal Proust - Pascal PROUST
 
Installé au fond du canapé de la salle d’attente de son avocat, Jacques (*), 37 ans, cache sa circonspection sous un calme apparent.

Cet ancien détenu a passé près de huit ans en prison, notamment à la maison d’arrêt d’Orléans. Multipliant les allers-retours. « La radicalisation dans les prisons ? », répète-t-il, interloqué par la question. La médiatisation de cette problématique, depuis la tuerie de Charlie Hebdo et des prises d’otage qui ont suivi, le laisse dubitatif. « Ce n’est pas nouveau », répond-il dans un souffle.

« Ils sont gentils avec vous. On se sent bien »
Derrière les barreaux, Jacques a flirté avec ce qu’il vaut mieux taire. La tentation de l’embrigadement qui vous coupe du monde et des autres. D’abord hésitante, la parole de Jacques se délie peu à peu. Et c’est sans détour qu’il évoque ensuite son vécu. Son histoire.

Le premier contact se fait au cours d’une incarcération, en 2003, à la maison d’arrêt d’Orléans. Un groupe, « de 20 à 30 détenus », qui se surnomme « l’équipe Al-Qaïda », va le prendre dans ses filets. « Ceux qui arrivent, ils sont dégoûtés d’être là-bas (en prison)… Et moi, j’étais un peu perdu dans le choix de ma religion. Eux, ils vous expliquent des choses, les prières, l’entraînement. Ils sont gentils avec vous, ils vous aident. On se sent bien… ».

Le jeune homme commence à étudier l’islam. « Comme on a du temps, on s’occupe et je me suis mis à apprendre le Coran ». L’équipe se retrouve alors régulièrement pour des séances de sport intensives. « Un jour, on fait 600 pompes en une heure, le lendemain, 700, trois jours après, 1.000… Ils sont là pour vous dire “Allez, allez”. Puis, on se rend compte qu’il n’y a plus de limites. Mais quand on y adhère… » La brutalité du monde carcéral, les violences physiques - comme en a subi Jacques - poussent certains jeunes à rechercher cette protection. Une sécurité. « Dans un groupe, il y a une tête qui a de l’influence sur tous les « petits ». D’ailleurs, beaucoup se connaissent de l’extérieur. Ils en jouent et enrôlent les jeunes ». Cet extérieur ne consiste en rien un refuge. « En sortant, on garde ces idées, car on continue de se rappeler. Et avec le réseau, on en rencontre d’autres… ».

De retour en prison, mais à Fresnes (Val-de-Marne) en 2006, Jacques doit, à nouveau, s’intégrer. « Je portais la barbe, je lisais le Coran, je connaissais l’équipe d’Orléans… ».

« La radicalisation, je la vois tous les jours »
Autant de facteurs qui le lient à un autre groupe mais qui vont aussi le pousser définitivement à se convertir à l’islam. « J’ai compris qu’il fallait que je le fasse, sinon, il pouvait m’arriver quelque chose », lâche-t-il, précipitamment. Il confie cependant « avoir eu des doutes » sur le moment, « de ne pas être sûr de son choix ». « Mais aujourd’hui, j’ai compris que cette religion, c’est ce qu’il me fallait. Elle s’est imposée à moi », assure-t-il, sans hésiter.
Sa vie aurait pu prendre un tout autre tournant
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