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vendredi 6 février 2015

Délits routiers - quand on vient en parler à la prison de Toulon

Rencontre choc, mercredi, au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède où des accidentés de la route sont venus rencontrer et échanger avec des détenus. Un moment très éprouvant, mais qui ouvre des portes

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Ils sont trois dans leur fauteuil roulant. Une femme et deux hommes. Face à eux, dans une salle du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, une petite dizaine de détenus âgés de 25 à 50 ans, incarcérés pour des délits routiers ou volontaires. De part et d'autre, au début de la rencontre, certains baissent les yeux. La gêne et la tension sont palpables. En fin de réunion, la plupart des détenus resteront discuter longuement avec ces invités.
 
« On m'a volé ma vie »

Après une matinée consacrée à un atelier-débat pédagogique sur le thème « La sécurité routière, pourquoi ? », la Maison de la sécurité routière du Var (1) - qui organisait hier cette 8e journée de sensibilisation en milieu carcéral - a prévu l'intervention du Dr Hubert Tournebise, chef de service médecine physique et réadaptation à l'hôpital Renée-Sabran.

Il est venu accompagné des trois personnes handicapées, mais c'est lui qui a ouvert l'après-midi consacré aux conséquences de l'accident. Photos à l'appui, et sur le ton de l'exposé, le médecin évoque le travail de rééducation selon les lésions, « et tous les problèmes auxquels les accidentés sont confrontés et dont on n'a même pas idée. »

Il sera ainsi question de la dépendance, quand on ne peut plus ni se déplacer, se laver, satisfaire ses besoins naturels, et pour certains tétraplégiques, manger.

Très vite, quand Olivier, 48 ans, victime d'un accident il y a 27 ans, répond à une question avec le sourire, la tension descend d'un cran. Pas l'attention. Il évoque ce poids de la dépendance « On est dépendant de tout et de tout le monde. Tous les matins, même le week-end, ma femme se lève à 6 h 30 pour ouvrir à l'infirmier. C'est très dur pour l'entourage et puis il y a l'aspect financier. J'ai fait mon fils à crédit ! »

À ses côtés Marion, belle jeune femme de 35 ans, handicapée depuis 12 ans, prend la parole et raconte. L'accident dû au conducteur d'un véhicule qui tractait une remorque. Qui s'est détachée parce qu'il roulait trop vite. Le crash. Marion entre la vie et la mort. Sa mère anéantie et, elle, qui aujourd'hui encore se cache pour pleurer. « Parce qu'on m'a volé ma vie de jeune fille qui venait de finir ses études, qui avait la vie devant elle. On m'a volé ma vie de femme, de mère. » Les mots pour évoquer ce corps que l'on ne contrôle plus, percutent.

Christophe, victime d'un accident de moto, choisira de tout résumer en une question « est-ce que le verre ou le pétard de trop, le retard, vaut la peine de tout cela ? Est-ce que ça vaut le coup ? Ce que vous vivez est difficile, nous n'en doutons pas, mais le handicap est aussi une prison… à vie.» Ni morale, ni culpabilisation, juste des mots pour peser dans la balance.

« Je reconnais mes torts »

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