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samedi 7 février 2015

La baisse du nombre de détenus va s'accélérer

Effet Taubira ou pas, il y a moins de gens en prison. Les chiffres de l'Administration pénitentiaire sont là pour témoigner que si cette baisse n'est pas vertigineuse, elle s'accélère.
 
À l'intérieur de la prison de Rennes.
 
 Au 1er janvier 2015, 66.270 personnes étaient incarcérées, contre 67.105 en décembre dernier. Soit une baisse de 1,2 %, en apparence modeste, si ce n'est qu'elle atteint, sur un mois, la moyenne de toute l'année 2014. En effet, sur les douze derniers mois, la baisse est identique avec, au 1er janvier 2014, 67 075 détenus.
 
«Entre le 1er avril 2014 et le 1er janvier 2015, nous sommes passés de 68.559 à 66.270 personnes incarcérées. La cause ne peut pas en être la mise en application de la réforme pénale, puisque cette dernière n'a pris effet que le 1er octobre dernier et qu'à ce jour nous ne comptons jamais qu'un peu plus de 300 contraintes pénales prononcées. Quoi qu'il en soit, 2589 détenus en moins, c'est une baisse microscopique», se défend le député PS de Loire-Atlantique, Dominique Raimbourg, rapporteur de la loi Taubira du 15 août 2014. Une façon pour le parlementaire d'éviter la critique d'une réforme pénale qui ne soit là que pour faire sortir les délinquants de prison. L'étude d'impact de la loi, quant à elle, prévoit autour de 4000 détenus en moins sur trois ans.


Fait non négligeable, selon Pierre-Victor Tournier, spécialiste de la statistique pénitentiaire, la surpopulation carcérale a baissé de 5,6 % en un an. «Une réduction significative» mais qui laisse aussi entrevoir qu'il y a toujours un peu plus de 20 % de places qui manquent en prison. Chaque soir, ce sont encore 1 000 détenus qui dorment sur un matelas à terre.
L'administration pénitentiaire reste, quant à elle, complètement muette sur l'analyse de ses propres chiffres. «Il faudrait étudier si cette baisse correspond à moins d'entrées ou à plus de sorties», souligne-t-on en son sein, sans pouvoir trancher.

Une chose est sûre, le nombre de prévenus incarcérés en maison d'arrêt a également baissé. Ces derniers, qui représentaient 26,1 % des personnes en prison au 1er décembre 2014, étaient 25 % un mois plus tard, soit 16 549 individus en tout.

De quoi laisser penser que les parquets ont désormais la main moins lourde que par le passé en matière d'incarcération. Et qu'ils auront été attentifs à la question de la surpopulation carcérale, comme le leur a demandé Christiane Taubira dès son arrivée à la Chancellerie en 2012. De la même manière, nombre d'observateurs posent l'hypothèse que les magistrats organisent la gestion des flux pénitentiaires en retardant l'exécution des décisions de justice, notamment en matière de courtes peines. Aujourd'hui, 90.000 peines ne sont pas exécutées en France.
Aujourd'hui, 90.000 peines ne sont pas exécutées en France.
 

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