Devant le nombre de détenus et évoquant la sécurité, les agents du Service pénitentiaire d'insertion et de probation ne vont plus en détention. Sans oublier la surcharge et les conditions de travail en milieu ouvert
Nul besoin de les visiter longtemps, pour en découvrir l'exiguïté, la porte sécurisée qui ne l'est plus, les caméras de surveillance HS... "On rentre comme dans un magasin ! Certains viennent en groupe... parfois c'est compliqué même si finalement, on s'en sort bien", expliquent des "CSpip" (conseillers Spip).
Des représentants (CGT Spip 13, Snepap-Fsu et CFDT) décrivent d'abord l'endroit où ils reçoivent tous ceux qu'ils doivent suivre, conseiller, écouter... Puis ils abordent le reste, tant en milieu ouvert qu'en milieu fermé. Le milieu fermé, donc : les CSpip interviennent à Luynes. Mais, depuis jeudi dernier, plus question d'intervenir en détention : les conditions de sécurité ne seraient plus réunies. "Des détenus font ce qu'ils veulent, mais bon... ils sont 1 000, c'est difficile de tout gérer", déplorent des conseillers. Il faut dire que l'établissement est prévu pour moins de 700. Tout le monde fait ce qu'il peut.
"Nous n'avons pas de bureau dédié au Spip. Nous allons dans une pièce qui ne ferme pas, avec du passage. Pour la confidentialité, c'est compliqué." Les conseillers échangent par courrier avec les détenus, "mais sur le long terme, ce n'est pas tenable". Avec une certitude : "Nous sommes tristes d'en arriver là. On voit de moins en moins les détenus, qui représentent bien entendu un public difficile."
D'autant que "la réforme Taubira a ajouté des mesures, et donc des écrits. Tout ça, c'est moins de temps pour eux." Et puis "en milieu fermé, on a aussi une mission d'aide à la décision judiciaire. Mais comment arriver à tout faire ?" Bref, le malaise est palpable.
Le directeur départemental Spip : "Nous sommes en train de régler ça entre l'établissement et le Spip, nous avons eu une réunion avec le directeur interrégional : il est certain qu'à 1 000 détenus on ne fait pas la même chose qu'avec 680... rencontrer les détenus, c'est leur travail, et ça doit se faire dans des conditions de sécurité. On essaie d'apporter des réponses en tenant compte de la charge de travail supplémentaire pour un retour à la normale". Voilà pour le milieu "fermé". Mais là où le bât blesse aussi, c'est pour ce qu'on appelle le milieu ouvert, soit les deux tiers du "public" du Spip.
C'est là "où l'on fait appliquer des décisions pénales aux personnes sous main de justice, pas incarcérées, soit 1 726 en février" : sursis avec mise à l'épreuve, contrôle judiciaire, bracelet électronique, suivi socio-judiciaire, travail d'intérêt général, libération conditionnelle... sur tout le ressort du tribunal de grande instance d'Aix, de Septèmes à Istres. Avec une réalité : alors que la Garde des Sceaux recommande que chaque conseiller Spip suive une cinquantaine de personnes, les agents en ont environ 140 chacun. "On a du retard sur les rapports à remettre aux magistrats, or les justiciables ont des devoirs, mais aussi des droits, cela ne nous fait pas plaisir d'apporter des réponses tardives. Du coup, le message éducatif passe moins bien!"
"Franchement, a-t-on les moyens de faire de la réinsertion ? Les anciens détenus peuvent être placés dans des entreprises d'insertion, où les crédits de l'Etat pour les insérer, ont diminué : on en arrive à un stade, où on fait croire qu'on s'occupe des gens", déplorent-t-ils. "Pour les obligations de soins, ils ne peuvent pas faire l'avance de frais alors ils vont dans les structures publiques, il y a de l'attente... à Pôle emploi les agents ne sont pas assez nombreux. Ils se heurtent à toutes les difficultés des services publics..."
Et puis, "on attend les effectifs avec impatience. On n'a pas souvent le temps d'aborder les faits commis : impossible de passer 2 heures d'entretien avec un détenu qui sort de 15 ans pour faits graves... alors qu'on a, pourcertains, besoin de temps. En fait, on les voit, on les reçoit, et on se couvre au cas où... on ne fait pas du bon travail". L'inquiétude concernant la récidive est palpable, pour l'avenir."On fait de notre mieux, avec les moyens qu'on nous donne." Comme par exemple, cette voiture du Spip, une Clio qui affiche 230 000 km au compteur. Alors, certains préfèrent prendre leur véhicule, et faire leur plein : "Un jour, on ne pourra plus aller poser un bracelet électronique ! Ce jour-là, contre qui va-t-on se retourner ? Nous..."
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L'un des premiers motifs de mécontentement : les locaux de l'antenne Aix du Spip (service pénitentiaire insertion et probation). Des représentants (CGT Spip 13, Snepap-Fsu et CFDT) décrivent d'abord l'endroit où ils reçoivent tous ceux qu'ils doivent suivre, conseiller, écouter... Puis ils abordent le reste, tant en milieu ouvert qu'en milieu fermé. Le milieu fermé, donc : les CSpip interviennent à Luynes. Mais, depuis jeudi dernier, plus question d'intervenir en détention : les conditions de sécurité ne seraient plus réunies. "Des détenus font ce qu'ils veulent, mais bon... ils sont 1 000, c'est difficile de tout gérer", déplorent des conseillers. Il faut dire que l'établissement est prévu pour moins de 700. Tout le monde fait ce qu'il peut.
"Nous n'avons pas de bureau dédié au Spip. Nous allons dans une pièce qui ne ferme pas, avec du passage. Pour la confidentialité, c'est compliqué." Les conseillers échangent par courrier avec les détenus, "mais sur le long terme, ce n'est pas tenable". Avec une certitude : "Nous sommes tristes d'en arriver là. On voit de moins en moins les détenus, qui représentent bien entendu un public difficile."
D'autant que "la réforme Taubira a ajouté des mesures, et donc des écrits. Tout ça, c'est moins de temps pour eux." Et puis "en milieu fermé, on a aussi une mission d'aide à la décision judiciaire. Mais comment arriver à tout faire ?" Bref, le malaise est palpable.
Le directeur départemental Spip : "Nous sommes en train de régler ça entre l'établissement et le Spip, nous avons eu une réunion avec le directeur interrégional : il est certain qu'à 1 000 détenus on ne fait pas la même chose qu'avec 680... rencontrer les détenus, c'est leur travail, et ça doit se faire dans des conditions de sécurité. On essaie d'apporter des réponses en tenant compte de la charge de travail supplémentaire pour un retour à la normale". Voilà pour le milieu "fermé". Mais là où le bât blesse aussi, c'est pour ce qu'on appelle le milieu ouvert, soit les deux tiers du "public" du Spip.
Chaque conseiller suit 140 personnes... au lieu de 50
Julie et Frédéric, deux représentants des conseillers Spip. Eux et d'autres se confient sur leurs conditions de travail.
C'est là "où l'on fait appliquer des décisions pénales aux personnes sous main de justice, pas incarcérées, soit 1 726 en février" : sursis avec mise à l'épreuve, contrôle judiciaire, bracelet électronique, suivi socio-judiciaire, travail d'intérêt général, libération conditionnelle... sur tout le ressort du tribunal de grande instance d'Aix, de Septèmes à Istres. Avec une réalité : alors que la Garde des Sceaux recommande que chaque conseiller Spip suive une cinquantaine de personnes, les agents en ont environ 140 chacun. "On a du retard sur les rapports à remettre aux magistrats, or les justiciables ont des devoirs, mais aussi des droits, cela ne nous fait pas plaisir d'apporter des réponses tardives. Du coup, le message éducatif passe moins bien!"
"Franchement, a-t-on les moyens de faire de la réinsertion ? Les anciens détenus peuvent être placés dans des entreprises d'insertion, où les crédits de l'Etat pour les insérer, ont diminué : on en arrive à un stade, où on fait croire qu'on s'occupe des gens", déplorent-t-ils. "Pour les obligations de soins, ils ne peuvent pas faire l'avance de frais alors ils vont dans les structures publiques, il y a de l'attente... à Pôle emploi les agents ne sont pas assez nombreux. Ils se heurtent à toutes les difficultés des services publics..."
Et puis, "on attend les effectifs avec impatience. On n'a pas souvent le temps d'aborder les faits commis : impossible de passer 2 heures d'entretien avec un détenu qui sort de 15 ans pour faits graves... alors qu'on a, pourcertains, besoin de temps. En fait, on les voit, on les reçoit, et on se couvre au cas où... on ne fait pas du bon travail". L'inquiétude concernant la récidive est palpable, pour l'avenir."On fait de notre mieux, avec les moyens qu'on nous donne." Comme par exemple, cette voiture du Spip, une Clio qui affiche 230 000 km au compteur. Alors, certains préfèrent prendre leur véhicule, et faire leur plein : "Un jour, on ne pourra plus aller poser un bracelet électronique ! Ce jour-là, contre qui va-t-on se retourner ? Nous..."
La réaction
Pierre Gadoin, directeur départemental du Spip, annonce 10 500 personnes suivies dans les BdR, dont 4 500 détenus. Il n'en disconvient pas, "la situation actuelle est très compliquée : à Aix, le nombre de mesures par agent (120-130) est supérieur à la moyenne nationale. Et 80 % de ces mesures, ce sont des sursis avec mise à l'épreuve. Il n'y a jamais eu autant de détenus, ni autant d'aménagements de peine et de mesures alternatives à l'incarcération. Nos agents ne peuvent pas faire aussi vite qu'ils le voudraient, et les plaintes de nos personnels, je les entends". Ce responsable attend dans un premier temps l'arrivée d'effectifs, "on sera déjà mieux..." Concernant les locaux, "inadaptés et saturés, un déménagement est prévu, on espère pour juin, avenue du Club Hippique, sur tout un étage de 800 m², mais il faut le mettre en conformité avec des travaux".Le Spip, un service créé pour faire de la réinsertion, de la prévention...
L'administration pénitentiaire assume deux missions...Lire la suite sur La Provence
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