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mardi 17 mars 2015

Prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil: faire mieux qu’à Alençon, sa jumelle ?

À Vendin-le-Vieil, la prison haute sécurité accueille ses premiers détenus depuis quelques jours. Les surveillants syndiqués espèrent que leur arrivée au compte-gouttes évitera les écueils de la prison « jumelle » d’Alençon – Condé-sur-Sarthe, la première du genre en France, qui a été l’an dernier le théâtre de gros problèmes.

1. Le contexte.
 
La maison centrale haute sécurité de Vendin-le-Vieil n’est pas la première du genre en France. Elle a une « sœur » dans l’Orne, à Condé-sur-Sarthe. Celle-là accueille des détenus réputés difficiles, purgeant de longues peines, depuis 2013. Et l’an dernier, elle a beaucoup fait parler d’elle en raison de nombreux problèmes disciplinaires, agressions, prise d’otage (lire ci-dessous). Dans le milieu pénitentiaire, les regards sont donc braqués sur la maison centrale de Vendin, qui réunira aussi des détenus dits difficiles, ayant écopé de longues peines et ayant été « transférés » de prison en prison.

2. La situation vendinoise.

Les clés ont été remises à l’administration pénitentiaire en septembre, la prison a depuis fonctionné à blanc avec les premiers personnels qui devaient s’approprier cet outil de travail haute sécurité. Une dizaine de premiers détenus sont arrivés début mars et pour le moment, 150 agents sont affectés à la prison de Vendin. « Les détenus devraient arriver par dizaines jusqu’à atteindre une cinquantaine en septembre, explique Nicolas Bihan, délégué interrégional du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), en contact avec des agents vendinois arrivés en janvier. Le directeur a prévenu que les premiers arrivés étaient plutôt calmes mais que les prochains seraient de plus en plus difficiles. Ils sont pour l’instant en période de rodage. »
 
Dans la comparaison avec la prison de Condé, un point important rassure le représentant syndical : « Pour la prison d’Alençon-Condé, de nombreux agents étaient des jeunes sans expérience qui prenaient pour certains leur premier poste, ce qui est très difficile dans un tel établissement, raconte-t-il. Cette fois, à Vendin-le-Vieil, il y a beaucoup d’anciens pour la simple raison que bon nombre de surveillants passent le concours dans le Nord, sont affectés dans une autre région et attendent souvent plus de dix ans pour revenir dans la région. Nombre d’entre eux ont donc demandé à venir à Vendin, ce sont des agents aguerris, des anciens avec de l’expérience et une base solide. »

3. Les craintes syndicales.

« L’effectif des agents pour le moment est suffisant puisque le nombre de détenus est faible mais nous restons très vigilants sur l’évolution de ce nombre à mesure que l’effectif des détenus augmentera, nous avons des réserves par rapport à ça, note Nicolas Bihan. Nous prévoyons d’ailleurs une première visite de notre délégation syndicale en avril ou mai, puis une autre en fin d’année. Par ailleurs, nous souhaitons l’établissement d’un règlement intérieur bien précis et des sanctions disciplinaires à la hauteur de ce qui sera commis par les détenus car c’est justement le trop grand laxisme et l’absence de sanctions qui mène à des problèmes comme à Condé. C’est un cercle vicieux. »

LES SPÉCIFICITÉS VENDINOISES

Les postes

« Ils travaillent visiblement sur le rythme 3-3, c’est-à-dire trois jours de travail suivis de trois jours de repos, ce qui permet de mieux récupérer par rapport au rythme 3-2. Et surtout, pour le moment, il semblerait qu’il n’y ait que des nuits sèches et pas de matin – nuit, ce qui était trop fatigant », estime Nicolas Bihan.

La sécurité au parloir

« Avec la fouille à corps aléatoire, les surveillants se sentent de moins en moins en sécurité. Mais j’ai hâte de visiter l’établissement vendinois car l’accès au parloir est équipé d’un détecteur dernier cri comme à l’aéroport. Le détenu est scanné intégralement. Impossible de faire rentrer une arme ou de la drogue. Dommage que cet équipement soit si onéreux, il en faudrait dans tous les établissements. »

La brigade disciplinaire

« Il y a une dizaine de cellules au sein du quartier disciplinaire et une brigade a été constituée. »

Les gros soucis de la «sœur» de l’Orne

Elle a commencé à accueillir les détenus en mai 2013 et très vite, la prison haute sécurité d’Alençon – Condé-sur-Sarthe (dans l’Orne), la première du genre en France, a été le théâtre d’incidents réguliers. Jusqu’à un pic de problèmes non négligeables qui avaient beaucoup fait parler en début d’année 2014 dans les médias.
Prise d’otage d’un surveillant par deux détenus pendant quatre heures le 30 décembre 2013, puis les jours suivants, poursuite d’un surveillant avec une barre de fer, « grève » des détenus qui refusent de regagner leurs cellules, surveillant poignardé avec une arme artisanale et même directeur adjoint de la prison agressé… Les syndicats de surveillants dénonçaient la « mauvaise idée » de réunir les détenus les plus dangereux de France au sein d’une même prison.

« À Condé, il manque déjà vingt agents par rapport à ce qui était prévu, note Nicolas Bihan, délégué interrégional du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Et du coup, il n’y a qu’une centaine de détenus actuellement, pour un établissement qui peut en accueillir 204… Lorsqu’on ouvre des établissements sécuritaires, il faut s’en donner les moyens ! »
www.lavoixdunord.fr

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