Fin novembre, les détenus quitteront définitivement les maisons d’arrêt de Compiègne et Beauvais. Un choix qui n’est pas sans conséquences, surtout dans la cité impériale.
Mise en service en 1867, la maison d’arrêt de Compiègne vit ses derniers mois. Annoncée pour 2015, la fermeture de l’établissement aura lieu fin novembre : la plupart des surveillants savent déjà où ils seront mutés. Même chose pour l’actuelle maison d’arrêt de Beauvais. Les deux établissements seront regroupés dans une super prison en cours de construction aux portes de la ville préfecture. Rationaliser les dépenses, se séparer de prisons vétustes dont la réhabilitation coûterait trop cher… Elle doit ouvrir en juin. En fin d’année, il n’y aura donc plus que deux prisons dans l’Oise : à Beauvais et à Liancourt. C’est à Compiègne que les conséquences vont être les plus importantes.
1- POUR LES DÉTENUS ET LEURS FAMILLES La maison d’arrêt de Compiègne peut normalement accueillir 82 détenus, même si la surpopulation n’est pas rare. Que des courtes peines, où des prévenus en attente de leur jugement. Et que des hommes. Tous devraient être transférés à Beauvais. « Quand ils vont savoir que ce n’est pas Liancourt (plus proche), ils ne vont pas aimer », souligne Jean-Marie Hélin, surveillant à Compiègne depuis 1991, secrétaire local du syndicat UFAP (Union fédérale autonome pénitentiaire). On voit venir les critiques : Et alors ? Ils sont en prison, pas à l’hôtel. Oui, mais. « Plus les visites sont faciles, plus les tensions sont apaisées », assure Jean-Marie Hélin.
2- POUR LES SURVEILLANTS ET LES ADMINISTRATIFS Une quarantaine de personnes travaillent à la maison d’arrêt de Compiègne. Parmi elles, 27 surveillants qui ont reçu une nouvelle affectation pour le 7 décembre. « Au départ, l’administration nous avait dit qu’on aurait ce qu’on voulait, que la fermeture nous donnerait la priorité, indique Cyril Prugnaud, responsable à la CGT. Cela n’a finalement pas été le cas pour tout le monde. » Selon lui et son homologue de l’UFAP, « cinq personnes n’ont pas eu ce qu’elles demandaient ». Ils iront donc, sauf changement de dernière minute, à la super prison de Beauvais.
« Certains sont installés dans le Compiégois depuis longtemps, avec leurs familles », commente Jean-Marie Hélin. Deux alternatives : un déménagement ou des trajets, avec des horaires compliqués : la surveillance, c’est 24h/24. Une majorité de surveillants a toutefois obtenu ce qu’elle souhaité. Trois auraient demandé Beauvais, d’autres Liancourt. Beaucoup se sont tournés vers Château-Thierry (Aisne). Pourquoi ? Avec 134 places, ce centre pénitentiaire reste de taille modeste, comparé aux quelque 600 lits attendus à Beauvais. « Dans un centre de cette taille, on n’a pas le même contact avec les détenus, résume Jean-Marie Hélin. Mais bon, on s’y habituera… » Pas le choix. Cyril Prugnaud parle d’une « usine » pour Beauvais. D’un « établissement à taille humaine » pour Compiègne. « Cela dit, depuis 2013, avec l’optique de la fermeture, il n’y avait plus de travaux d’entretien, cela se dégradait un peu. »
3- POUR LES AVOCATS ET LES ESCORTES Les interactions entre la maison d’arrêt et le tribunal de Compiègne sont quotidiennes : audiences, présentation au parquet, rencontre avec le juge des libertés et de la détention… Les détenus fréquentent assidûment le palais de justice. Se pose alors la question des escortes, aux effectifs déjà réduits, qui vont devoir faire plus de route. Cela dit, une bonne partie des détenus, incarcérés ailleurs pour diverses raisons, viennent d’ores et déjà de Beauvais, Liancourt, Laon… Question d’organisation.
Ceux qui vont devoir s’adapter, en revanche, ce sont les avocats. Une réunion s’est justement tenue cette semaine pour « organiser les permanences des avocats dans le département », indique Gérard Ferreira, bâtonnier du barreau de Compiègne. Deux possibilités sont étudiées : soit les avocats Compiégnois alternent avec leurs collègues locaux, à Beauvais, soit ils s’organisent avec ceux de Senlis au centre pénitentiaire de Liancourt. « Ce sera probablement cette seconde option », indique l’avocat. Au moins jusqu’en 2016, puisqu’il est question que Liancourt n’accueille plus que des longues peines.
Quant aux visites auprès de leurs clients, pas le choix : les avocats iront là où la personne est détenue. Des conséquences « non négligeables », qui touchent principalement les avocats pénalistes. « Certains ne souhaitent pas faire de déplacements, conclut Gérard Ferreira. Le pool pénal va donc être réorganisé. »
JULIEN BARBARE
2- POUR LES SURVEILLANTS ET LES ADMINISTRATIFS Une quarantaine de personnes travaillent à la maison d’arrêt de Compiègne. Parmi elles, 27 surveillants qui ont reçu une nouvelle affectation pour le 7 décembre. « Au départ, l’administration nous avait dit qu’on aurait ce qu’on voulait, que la fermeture nous donnerait la priorité, indique Cyril Prugnaud, responsable à la CGT. Cela n’a finalement pas été le cas pour tout le monde. » Selon lui et son homologue de l’UFAP, « cinq personnes n’ont pas eu ce qu’elles demandaient ». Ils iront donc, sauf changement de dernière minute, à la super prison de Beauvais.
« Certains sont installés dans le Compiégois depuis longtemps, avec leurs familles », commente Jean-Marie Hélin. Deux alternatives : un déménagement ou des trajets, avec des horaires compliqués : la surveillance, c’est 24h/24. Une majorité de surveillants a toutefois obtenu ce qu’elle souhaité. Trois auraient demandé Beauvais, d’autres Liancourt. Beaucoup se sont tournés vers Château-Thierry (Aisne). Pourquoi ? Avec 134 places, ce centre pénitentiaire reste de taille modeste, comparé aux quelque 600 lits attendus à Beauvais. « Dans un centre de cette taille, on n’a pas le même contact avec les détenus, résume Jean-Marie Hélin. Mais bon, on s’y habituera… » Pas le choix. Cyril Prugnaud parle d’une « usine » pour Beauvais. D’un « établissement à taille humaine » pour Compiègne. « Cela dit, depuis 2013, avec l’optique de la fermeture, il n’y avait plus de travaux d’entretien, cela se dégradait un peu. »
3- POUR LES AVOCATS ET LES ESCORTES Les interactions entre la maison d’arrêt et le tribunal de Compiègne sont quotidiennes : audiences, présentation au parquet, rencontre avec le juge des libertés et de la détention… Les détenus fréquentent assidûment le palais de justice. Se pose alors la question des escortes, aux effectifs déjà réduits, qui vont devoir faire plus de route. Cela dit, une bonne partie des détenus, incarcérés ailleurs pour diverses raisons, viennent d’ores et déjà de Beauvais, Liancourt, Laon… Question d’organisation.
Ceux qui vont devoir s’adapter, en revanche, ce sont les avocats. Une réunion s’est justement tenue cette semaine pour « organiser les permanences des avocats dans le département », indique Gérard Ferreira, bâtonnier du barreau de Compiègne. Deux possibilités sont étudiées : soit les avocats Compiégnois alternent avec leurs collègues locaux, à Beauvais, soit ils s’organisent avec ceux de Senlis au centre pénitentiaire de Liancourt. « Ce sera probablement cette seconde option », indique l’avocat. Au moins jusqu’en 2016, puisqu’il est question que Liancourt n’accueille plus que des longues peines.
Quant aux visites auprès de leurs clients, pas le choix : les avocats iront là où la personne est détenue. Des conséquences « non négligeables », qui touchent principalement les avocats pénalistes. « Certains ne souhaitent pas faire de déplacements, conclut Gérard Ferreira. Le pool pénal va donc être réorganisé. »
JULIEN BARBARE
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