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jeudi 16 juillet 2015

USA - Le président Obama se rend en prison

En devenant jeudi le premier président en exercice à visiter une prison américaine, Barack Obama veut mettre la lumière sur les failles d'un système carcéral parmi les plus coûteux et les plus surpeuplés au monde, loin devant la Chine et la Russie.

La gouverneure républicaine de l'Oklahoma Mary Fallin accueille... (PHOTO EVAN VUCCI, AP)
 
Les statistiques sont éloquentes : avec 2,2 millions de prisonniers à travers le pays, les États-Unis gardent derrière les barreaux plus d'hommes et de femmes que 35 pays européens réunis : le quart de la population carcérale mondiale est concentré dans les geôles américaines alors que les États-Unis ne représentent que 5 % de la population mondiale.

En visitant la prison d'El Reno dans l'Oklahoma jeudi, Barack Obama doit plaider pour davantage de travail afin de favoriser la réinsertion professionnelle à la sortie de prison.

«Notre taux d'incarcération est quatre fois plus élevé que la Chine», a asséné le président Obama, qui se souvient du temps où les prisonniers étaient quatre fois moins nombreux, en 1980, ou deux fois moins nombreux il y a encore 20 ans.

Premier responsable : la lourdeur des peines.

Selon Human Rights Watch, les lois adoptées depuis 1980 pour «plus de sévérité contre la criminalité» ont rempli les prisons fédérales et des États de délinquants en majorité non violents.
«Les peines de prison dans ce pays sont beaucoup plus longues que dans d'autres pays», résume Michele Deitch, professeur de droit à l'Université du Texas. Il est temps «de reconnaître que ce n'est pas la même chose d'être impliqué dans une bagarre d'une cour d'école (...) ou d'être l'auteur d'une tuerie collective», déclare-t-elle à l'AFP.

Barack Obama a lui-même fustigé des peines souvent «disproportionnées par rapport aux délits», en concentrant ses efforts sur les petits trafiquants de drogue qui écopent de longues années derrière les barreaux.

«Dans trop de cas, la punition ne correspond simplement pas au délit», a estimé le président américain. «Si tu es un petit revendeur de drogue ou si tu violes ta liberté conditionnelle, tu dois payer ta dette à la société, tu dois être tenu pour responsable et payer une amende, mais tu ne dois pas 20 ans, tu ne dois pas ta vie en prison».

Michele Deitch appelle aussi à s'interroger sur d'autres condamnations pour délits ou crimes. Comme cet habitant de Floride qui s'est vu infliger deux ans et demi de prison pour avoir fait l'amour en plein jour sur la plage... Le procureur en avait requis 15!

Ou comme les peines «profondément troublantes et destructrices» infligées aux jeunes, jugés comme des adultes. Près de 71 000 mineurs sont incarcérés aux Etats-Unis.

Un Noir sur 35 en prison

En outre, Barack Obama l'a également pointé, les Noirs «ont plus de chance d'être arrêtés, ils ont plus de chance d'être condamnés à des peines supérieures (que les Blancs) pour les mêmes délits».
Là aussi, les proportions sont claires : les Noirs et Hispaniques représentent 60 % de la population carcérale alors qu'ils ne sont que 30 % de la population américaine. Un Afro-Américain sur 35 est en prison, un Hispanique sur 88, quand ce chiffre est d'un sur 214 chez les Blancs.

Et un enfant noir sur neuf a son père en prison, a relevé le président noir.

Conséquence : l'incarcération de masse provoque une explosion des coûts. Le budget des prisons représente 80 milliards de dollars chaque année, le tiers du budget du ministère de la Justice.
Chaque État dépense en moyenne un milliard de dollars annuellement pour ses prisons, dépassant tous les autres budgets à l'exception de la couverture maladie des plus pauvres.

Cela n'empêche pas les conditions de détention de se détériorer.

La revue de l'Université Columbia Journalism évoque...
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