Pages

mardi 13 octobre 2015

Île de Ré : l'effet cheval sur les prisonniers

Pourquoi donc jucher des détenus sur des chevaux ? Quelques uns d'entre vous ont trouvé cette simple idée insupportable au regard des victimes et de la punition prononcée.
L'un des chevaux de Manu et Chica Bigarnet, aux Haras du Passage, à Loix, sur l'île de Ré. © Marie-Ange Cristofari
 
Et si ces animaux permettaient justement de rendre un peu d'humanité à ces hommes ? RV mercredi, dans Enquêtes de région.
Dompter les peurs, c'est le titre que j'ai choisi pour ce reportage de 15 minutes. La peur du cheval d'abord... Grand, lourd, puissant. La peur que nous avons des détenus, ces hommes condamnés par la justice pour leurs crimes ou leurs méfaits, que l'on emprisonne pour en protéger la société. Mais aussi la peur des détenus vis-à-vis de nous : comment retrouver / mériter la confiance des autres ? Comment vivre une nouvelle vie dehors, une vie en respect des lois ?

Pourquoi le cheval ?

L'activité peut sembler fantaisiste, certains d'entre vous la jugeront peut-être déplacée, choquante et pourtant elle a son utilité. L'animal propose un dialogue simple. Le contact des chevaux apaise, l'ambiance de la prison se détend. Une porte de liberté s'entrouvre. A leur contact, les souvenirs des détenus reviennent et les sourires naissent. Avant d'apprendre à monter sur leur dos, les prisonniers les brossent, leur curent les pieds, les accompagnent brouter sur la pelouse. Et puis vient le plaisir du trot, du galop, du regard qui se porte au-delà des barbelés, pour quelques instants.

Prison du bout du monde

Saint-Martin-de-Ré, outre sa station balnéaire people/chic, a toujours debout ses fortifications Vauban. Derrière ses hauts-murs de pierre, se cache la prison du bout du monde, un surnom vestige de son histoire de bagne, avant-poste de l'exil à Cayenne, et symbole d'actualité aujourd'hui encore, avec sa petite trentaine de nationalités.
Dans cette centrale pénitentiaire, sont incarcérés des détenus longue peine. C'est-à-dire condamnés à plus de cinq ans de prison ferme. Beaucoup de violeurs ou meurtriers purgent-là leur détention, mais aussi des braqueurs et, à notre connaissance, au moins un faux-monnayeur.
Pour ceux qui approchent de leur fin de peine (ou dernier tiers de peine), ou qui satisfont aux critères, des "outils" de réinsertion se mettent en place : le droit de travailler, des permissions sportives ou culturelles. Et récemment donc, la visite de quelques chevaux. Des chevaux à caresser et sur lesquels s'essayer à la voltige. C'est le deuxième stage de ce type organisé dans cette centrale. A chaque fois à la manoeuvre, l'association ARDEVAC, basée à quelques kilomètres de là, à Loix, sur l'île de Ré. Manu et Chica Bigarnet, intrigués, se sont lancés dans cette aventure en 2013. Au fil des rencontres, 4 pour le moment, ils ont pu observer l'effet bénéfique des chevaux sur ces hommes-là.

Tournage sensible

Comme souvent pour les reportages en milieu carcéral, l'administration pénitentiaire "limite" nos conditions de tournage, pour des raisons de sécurité ou d'organisation...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire