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lundi 26 octobre 2015

Prison : les surveillants en colère manifestent (Bois d'Arcy)

Des fumigènes rouges flottaient au-dessus de la place Vendôme, à Paris, le 22 octobre. Après les policiers et les avocats, c’était au tour des personnels pénitentiaires, dont une large majorité de surveillants, de défiler sous les fenêtres de la ministre de la Justice Christiane Taubira.
 
Ils étaient environ 3 000, venant de toute la France, à manifester à l’appel d’une intersyndicale (SNP-FO, SNJFO, Ufap-Unsa et CGT).
Objets de leur colère, la charge et le rythme de travail et l’insécurité grandissante, entraînant la détérioration des conditions de travail et une atteinte à la santé de certains. «Nous recevons des insultes et des menaces à longueur de journée», confie Caroline, surveillante à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy. Egalement pointées du doigt, les agressions physiques de la part de «détenus de plus en plus difficiles», observe Willy Saib, délégué FO de Bois d’Arcy.

Intensité du travail

 
Au premier rang des revendications, les manifestants réclament plus d’effectifs. A Bois d’Arcy, 272 surveillants sont théoriquement chargés d’environ 800 détenus. Il en faut cinquante de plus pour combler les postes vacants, selon Willy Saib. «Sur chaque coursive [ou couloir, ndlr], il y a un seul surveillant pour 50 détenus.» A cela s’ajoute la surpopulation carcérale, avec un taux d’occupation de 170 % à Bois d’Arcy.
 
L’intensité du travail est donc considérable. Les surveillants affectés aux coursives travaillent selon un cycle de quatre jours – avec travail la matinée du quatrième puis reprise le soir même de 19h à 7h – suivis de d’un jour de repos. «Mais nous sommes souvent rappelés», pour remplacer les absents.
Avec des conséquences sur la vie sociale et familiale des surveillants. «Nous sommes toujours au travail. Alors, beaucoup de collègues divorcent, souffrent de dépression…» La fatigue génère aussi davantage de tensions avec les détenus. «Face aux provocations permanentes, nous devons garder notre sang-froid. Mais nous ne sommes pas des robots et des collègues se laissent parfois aller au conflit.»

Reçus le 29 octobre à l’Elysée

 
A l’issue de la manifestation, les organisations syndicales ont été reçues par la Garde des Sceaux. Celle-ci leur a proposé la mise en place de groupes de travail sur tous ces sujets. En l’absence d’annonces concrètes, «nous avons refusé : le temps que cela porte ses fruits, nous parviendrons aux prochaines élections présidentielles de 2017. Alors, rien ne sera fait», explique Samuel Gauthier, élu national de la CGT pénitentiaire.
 
De son côté, la direction de l’administration pénitentiaire avait lancé il y a un mois une campagne de publicité pour attirer de nouvelles recrues. Des panneaux exposant un surveillant jeune et souriant fleurissent dans les rues et les gares. «Il leur faut vendre du rêve. S’ils avaient mis quelqu’un qui a trente ans de coursive derrière lui, cela ne marcherait pas. Il faut être honnête», s’agace Willy Saib.
 
Les organisations syndicales doivent êtres reçues le 29 octobre à l’Elysée, par François Hollande. Un blocage des prisons est d’ores et déjà prévu pour le 5 novembre. Le maintien de cette manifestation est suspendu aux résultats de cette rencontre avec le président.
Source : Toutes les Nouvelles

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