Deux semaines après les attentats de Paris, la question de la prévention de la radicalisation est au cœur des préoccupations des politiques. Le député PS Sébastien Pietrasanta s'est rendu jeudi dans une prison de la région parisienne où un programme expérimental de lutte contre la radicalisation est appliqué.
Après les attentats de Paris et de Saint-Denis, la question de la prévention de la radicalisation pour éviter tout nouveau risque d'attentat, est une priorité. Jeudi, le député socialiste Sébastien Pietrasanta, qui vient d'être nommé secrétaire national à la sécurité du PS, s'est rendu dans l'une des prisons de la région parisienne qui héberge des détenus de retour de Syrie, la prison d'Osny où un programme expérimental de lutte contre la radicalisation est en place depuis plusieurs mois.
Un premier bilan "positif"
Dans cette maison d'arrêt du Val d'Oise, il y a trois bâtiments en étoile, qui hébergent 815 détenus, pour 600 places seulement, et moins de 200 surveillants pénitentiaires. Parmi ces détenus, quatre sont allés en Syrie et attendent leur procès. Au total, il y a une dizaine de détenus liés à des affaires de terrorisme islamiste. Une trentaine d'autres, impliqués dans des affaires de délinquance de droit commun, sont aussi considérés comme des détenus radicalisés. La plupart des détenus radicalisés ont expérimenté le programme de lutte contre la radicalisation, mis en place depuis le printemps dernier à Osny, avec l'Association Française des Victimes du Terrorisme, et l'association Dialogue Citoyen.
C'est un programme qui dure six semaines. Deux groupes de 15 détenus volontaires y ont participé. Nous n'avons pas eu le droit de les rencontrer. Mais selon le directeur de la prison d'Osny, Renaud Seveyras, le premier bilan est "positif".
C'est un programme qui dure six semaines. Deux groupes de 15 détenus volontaires y ont participé. Nous n'avons pas eu le droit de les rencontrer. Mais selon le directeur de la prison d'Osny, Renaud Seveyras, le premier bilan est "positif".
Renaud Seveyras reconnaît aussi que c'est un travail complexe, lent, avec une approche en trois phases. "C'est d'abord une phase de mise en confiance et de non stigmatisation. Puis une phase d'ouverture sur le monde. Dans cette deuxième phase, interviennent des géopolitologues, des sociologues, des théologiens, des magistrats. La troisième phase est une phase de retour sur soi, un retour sur soi qui se fait avec des confrontations avec des victimes du terrorisme".
Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une des victimes de Mohamed Merah a ainsi rencontré des détenus radicalisés à Osny.
Engagement citoyen, c'est le nom précis du programme. "Nous n'aimons pas le mot déradicalisation", souligne la jeune femme au regard clair et à la voix douce. Elle insiste aussi sur la nécessaire mixité de ces groupes de paroles, avec à la fois des détenus prévenus et condamnés, des détenus radicalisés liés à des faits de terrorisme islamiste, d'autres impliqués dans des affaires de droit commun, et quelques autres, non radicalisés, ou très peu, qui sont considérés comme des "leaders positifs" pour le groupe. Elle précise qu' "à aucun moment, il ne s'agit de modifier les opinions relgieuses des gens".
Face aux responsables pénitentiaires, Sébastien Pietrasanta pose des questions. L'élu demande si la durée du programme expérimental est réellement suffisante. On lui répond qu'au délà des six semaines de travail en groupes de parole - à raison de deux à quatre séances par semaine- suivent des entretiens individuels. Un atelier d'écriture est par exemple toujours en place pour le premier groupe de 15 détenus volontaires qui a fini le travail de groupe avant l'été.
Au début de l'été, Sébastien Pietrasanta estimait que "certains radicalisés devaient être traités en milieu ouvert". Et qu'"il fallait éviter de mettre des prosélytes avec des détenus influençables". C'est ce qui l'écrivait dans le rapport sur la déradicalisation que lui avait commandé Manuel Valls après les attentats de janvier 2015.
A LIRE AUSSI ►►►La déradicalisation individualisée pour lutter contre le terrorisme (rapport)
L'expérience menée depuis plusieurs mois à la prison d'Osny sera reprise pour l'un des cinq quartiers dédiés annoncés par la Chancellerie au printemps dernier.
L'un de ces quartiers verra le jour à Osny fin janvier 2016...
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Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une des victimes de Mohamed Merah a ainsi rencontré des détenus radicalisés à Osny.
"Un moment d'une très grande force. Un détenu lui a dit qu'il admirait son courage. Certains détenus avaient les larmes aux yeux. Et tous se sont levés quand elle leur a proposé une minute de silence."Le directeur de la prison avoue cependant qu'après les attentats du 13 novembre, la minute de silence a été un peu "chahutée" par certains à Osny. Mais Renaud Seveyras, qui dirige cet établissement depuis mars 2013, reste convaincu des bienfaits de son expérimentation avec des groupes de paroles.
"On veut produire un engagement citoyen"
Géraldine Blin, directrice du Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation du Val d'Oise, est sur la même ligne que son collègue. Elle explique que dans ces groupes de parole, "il y a tout un travail sur la violence qui est fait. Ce qu'on veut c'est que l'ensemble des détenus ressorte avec un parcours de vie conforme aux règles républicaines, et ce qu'on veut prévenir, ce sont des nouveaux passages à l'acte violent. On veut produire un engagement citoyen."Engagement citoyen, c'est le nom précis du programme. "Nous n'aimons pas le mot déradicalisation", souligne la jeune femme au regard clair et à la voix douce. Elle insiste aussi sur la nécessaire mixité de ces groupes de paroles, avec à la fois des détenus prévenus et condamnés, des détenus radicalisés liés à des faits de terrorisme islamiste, d'autres impliqués dans des affaires de droit commun, et quelques autres, non radicalisés, ou très peu, qui sont considérés comme des "leaders positifs" pour le groupe. Elle précise qu' "à aucun moment, il ne s'agit de modifier les opinions relgieuses des gens".
Face aux responsables pénitentiaires, Sébastien Pietrasanta pose des questions. L'élu demande si la durée du programme expérimental est réellement suffisante. On lui répond qu'au délà des six semaines de travail en groupes de parole - à raison de deux à quatre séances par semaine- suivent des entretiens individuels. Un atelier d'écriture est par exemple toujours en place pour le premier groupe de 15 détenus volontaires qui a fini le travail de groupe avant l'été.
Au début de l'été, Sébastien Pietrasanta estimait que "certains radicalisés devaient être traités en milieu ouvert". Et qu'"il fallait éviter de mettre des prosélytes avec des détenus influençables". C'est ce qui l'écrivait dans le rapport sur la déradicalisation que lui avait commandé Manuel Valls après les attentats de janvier 2015.
A LIRE AUSSI ►►►La déradicalisation individualisée pour lutter contre le terrorisme (rapport)
L'expérience menée depuis plusieurs mois à la prison d'Osny sera reprise pour l'un des cinq quartiers dédiés annoncés par la Chancellerie au printemps dernier.
L'un de ces quartiers verra le jour à Osny fin janvier 2016...
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