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lundi 16 novembre 2015

Message de Christiane Taubira

Partout, nous qui appartenons au ministère de la Justice, nous prenons notre part au deuil national de trois jours que le Président de la République a décrété. Les drapeaux sont en berne sur tous nos établissements, judiciaires, pénitentiaires, administratifs.

Nous avons observé ensemble la minute de silence. J’ai voulu aller jusqu’au siège du Millénaire, à Aubervilliers, afin d’être aux côtés des personnels de nos Directions, parmi vous donc, avec vous, pour ce moment de recueillement. Sur chacun de nos sites, de l’Autorité judiciaire, de la protection judiciaire de la jeunesse, de l’administration pénitentiaire, partout où interviennent les magistrats, greffiers, fonctionnaires et personnels de Justice, mais également celles et ceux qui participent à l’œuvre de justice, soit les professions juridiques et judiciaires, avocats, huissiers, notaires, commissaires-priseurs judiciaires, juges consulaires, administrateurs et mandataires judiciaires, conciliateurs et médiateurs, partout celles et ceux qui contribuent chaque jour à faire de l’Etat de droit le cadre de nos libertés et de notre vie commune, nous avons partagé ce temps de silence, en résonnance et en harmonie avec le pays, la nation, le peuple, avec tous.  

Ces effroyables attentats, ces moments mauvais et extrêmement graves, nous ont plongés dans une infinie tristesse. Ils nous ont profondément meurtris. Parce qu’ils ont délibérément visé la nation au cœur de ce qu’elle porte de si précieux : sa jeunesse, celle qui sait savourer la légèreté du vendredi soir, conserve le sens de la fantaisie, entretient le goût des autres, de ces autres de nationalité étrangère qui se trouvaient parmi nous et ont péri avec les nôtres, cette jeunesse et ces autres moins jeunes qui gardent appétence pour le sport, la musique, les soirées amicales, conviviales, familiales au restaurant, au stade, au café…

Au-delà de nos libertés, de nos valeurs, au-delà de notre sécurité, ils veulent atteindre notre art de vivre. Et ils frappent aveuglément, pour sidérer, pour installer un sentiment de vulnérabilité collective, pour tenter de nous faire sombrer dans la démoralisation, la peur, la panique.

Nous ne leur ferons pas ce cadeau.

Notre riposte : l’unité, notre capacité et notre volonté de nous rassembler, notre choix de confirmer que nous allons préserver nos libertés individuelles, que nous savons que la vie sociale porte en elle des possibilités d’épanouissement individuel si c’est le Droit qui régit les espaces de vie publique.
L’Autorité judiciaire détient la responsabilité de l’enquête. Le procureur de la République et des magistrats de la section anti-terroriste du Parquet de Paris se sont déployés toute la nuit de vendredi sur les scènes de crimes. Les autres, magistrats, greffiers, fonctionnaires ont assuré et assurent une permanence de jour et de nuit. Les grandes compétences se sont mobilisées avec le professionnalisme habituel, et les progrès de l’enquête démontrent leur immense aptitude à faire face à des procédures complexes.

C’est aussi le ministère de la justice qui a la charge de la prise en charge des victimes. Le Parquet veille à faire procéder le plus vite et le plus précisément possible à toutes les identifications. C’est avec tact et rigueur que nous assurons l’indispensable soutien aux familles de victimes et aux personnes blessées et choquées, pour un accompagnement personnalisé, veillant à répondre à leurs besoins et à leurs demandes, anticipant les difficultés, répertoriant les formalités et démarches administratives pour les en dispenser. Les professionnels et les bénévoles qui y participent le font avec grande attention et une naturelle empathie. Ils s’efforcent d’être efficaces.

Nous nous redressons dans l’immédiat. Nous serons encore plus forts dans l’avenir. Nous sommes résolus à demeurer humains, et joyeusement humains.  

Christiane Taubira
Garde des Sceaux, ministre de la Justice

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