Montpellier - 6 mois de sursis pour le surveillant qui livrait du champagne au détenu

L 'agent corrompu de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone écope de six mois de prison avec sursis.

 

"Mais comment pouvez-vous continuer à vous revendiquer de ce corps ?", tempête le procureur-adjoint Redon. "Vous avez utilisé vos fonctions d'agent pour gagner plus, vous avez trafiqué dans la maison ! Vous vous êtes totalement corrompu !"

Face au tribunal, comparaissant libre, ce gardien de prison baisse la tête et écrase même une larme. Le 25 avril dernier, il a été pris la main dans le sac à la suite d'une dénonciation au sein de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone où il travaillait.

Il s'apprêtait à livrer une bouteille de champagne rosé, un grand cru, à un détenu d'envergure, condamné pour trafic de stupéfiants et dont le frère avait été abattu lors d'un règlement de compte...

Treize téléphones portables et du liquide découverts

Les perquisitions avaient conduit les gendarmes à découvrir, dans sa voiture et chez lui, des consoles de jeu, treize téléphones portables et plusieurs milliers d'euros en liquide... "Les 4 600 €, ça provient de la vente de la voiture de ma femme", se défend le quadragénaire, costaud et crâne rasé. Mais pour le reste, il reconnaît les faits. Enfin presque : il minimise en affirmant qu'en dehors de la bouteille d'alcool, il n'avait pas encore commencé le trafic auprès des prisonniers, notamment pour écouler les téléphones portables, une des plaies de la maison d'arrêt (plusieurs centaines sont saisies chaque année).

"J'avais beaucoup de dettes, trois enfants à charge..."

"Je suis désolé de ce que j'ai fait. J'avais beaucoup de dettes, trois enfants à charge... Trois fois par semaine, au parloir, on me demandait. J'ai toujours refusé et j'ai craqué à la fin", explique le prévenu.
"Cette bouteille de champagne va lui coûter cher, il a perdu son honneur. Vous me direz, il a bien cherché cette flétrissure, mais en reconnaissant, il veut passer à autre chose", indique son avocat, Me Abratkiewicz. Le tribunal l'a condamné à six mois de prison avec sursis et interdiction d'exercer pendant trois ans.
Midi Libre