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lundi 2 novembre 2015

Nicolas Sarkozy avance ses propositions en matière de sécurité

Un grand « ministère de la sécurité intérieure », qui réunisse police et gendarmerie, mais aussi administration pénitentiaire et douanes : c’est l’une des propositions-phares portées par Nicolas Sarkozy pour son grand retour sur les questions de sécurité, mardi 3 novembre.

Nicolas Sarkozy à Moscou, en Russie, le 29 octobre 2015.

Dans son discours, qui va clore une matinée de travail organisée par Les Républicains, le président du parti va proposer de renforcer le ministère qui lui a déjà servi de marchepied pour le pouvoir. Selon les documents préparatoires de la réunion, il s’agit de donner de la « profondeur d’action » à la Place Beauvau contre l’immigration clandestine et la récidive.

Les Républicains vont également proposer un « recentrage » des policiers et des gendarmes sur « leur coeur de métier » : ordre public, investigation, lutte contre la criminalité, renseignement. Pour compenser, le rôle des polices municipales et de la sécurité privée va être « renforcé ». Ils vont par ailleurs promettre la construction de 20 000 places supplémentaires en prison - lors de la campagne présidentielle de 2012, M. Sarkozy était allé jusqu’à 30 000.

Monopole

Chez Les Républicains, et dans la perspective de la primaire, Nicolas Sarkozy garde un monopole absolu sur les questions de sécurité. Reste à lui donner du contenu et de la crédibilité. « La question du terrorisme a supplanté dans l’esprit des gens la thématique de la délinquance, résume M. Péchenard. Cela ne doit pas nous empêcher de travailler dessus. »

Une réunion était déjà planifiée, mais le processus s’est accéléré avec le mouvement d’humeur des policiers, début octobre, après que l’un des leurs a été grièvement blessé par un détenu en fuite à L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Le malaise des policiers témoigne de l’échec de la politique du gouvernement », estime Bruno Beschizza, qui a préparé la convention avec Brigitte Kuster, chargée à ses côtés des questions de sécurité au parti LR.

Tous les syndicats de policiers ont été auditionnés. L’initiative a été appréciée, même si, pour les policiers et les gendarmes, la période Sarkozy reste attachée à la baisse des effectifs de 2007 à 2012 et à la pression du chiffre. « Il faut avoir conscience de nos difficultés, de nos erreurs, pour reconstruire un projet », reconnaît le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, qui interviendra mardi sur la question pénale. La leçon est retenue : Les Républicains vont proposer d’exclure les forces de l’ordre de l’effort de réduction de l’emploi public.

Difficile de se renouveler

L’autre difficulté pour le parti consiste à innover face à un gouvernement qui n’a pas hésité, pour calmer la grogne des policiers et face au terrorisme, à reprendre des positions qui auraient pu être celles de l’ex-chef de l’Etat. En 2011, après la mort d’un policier, M. Sarkozy avait promis des fusils à pompe aux brigades anticriminalité (BAC) des Bouches-du-Rhône… En octobre 2015, après L’Ile-Saint-Denis, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, en promet pour toutes les BAC de France.

Quant à François Hollande, en proposant aux policiers et aux gendarmes une clarification de leurs missions et un plan pluriannuel de valorisation des carrières, le 22 octobre, il a coupé l’herbe sous le pied de la droite. Même l’assouplissement des règles de la légitime défense pour les policiers n’est plus tabou. « Il y a certains aspects du discours et du diagnostic de M. Cazeneuve dans lesquels on se retrouve. En revanche, il y a un très gros écart entre le discours et les actes. La vitrine est sympathique, mais l’arrière-boutique est dans le désordre le plus total », ironise M. Ciotti.

Mardi, plusieurs élus locaux seront en première ligne, pour rafraîchir le discours du parti. Et M. Sarkozy caresse même l’idée de défendre un renforcement de la présence policière dans les quartiers sensibles, avec la réimplantation de postes de police - rebaptisés « postes permanents de vigie policière ». Un dispositif qu’il avait lui-même démantelé après 2002, pour aller contre l’idée de « police de proximité » mise en place par la gauche et pour faire des économies. La preuve qu’il est bien difficile, dans ce domaine, de se renouveler.

Collaborateurs issus de la police et de la gendarmerie

Depuis son retour à la vie politique, l’ex-chef de l’Etat s’était fait discret sur ces thématiques, éclipsées dans l’actualité par le terrorisme et la crise des réfugiés. Mais l’ancien ministre de l’intérieur (2002-2004, 2005-2007) garde un œil sur le sujet. Pour preuve, nombre de ses proches collaborateurs actuels occupaient les plus hauts postes dans la police et la gendarmerie, alors qu’il était à l’Elysée.

Son directeur de cabinet, Michel Gaudin, est l’ancien préfet de police de Paris (2007-2012) et directeur général de la police nationale (DGPN) (2002-2007). Le directeur général du parti, Frédéric Péchenard, est un ancien DGPN (2007-2012). L’un des deux secrétaires nationaux en charge des questions de sécurité, Bruno Beschizza, actuel maire d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), est l’ancien patron du syndicat de police Synergie (1998-2010), que M. Sarkozy avait nommé sous-préfet en 2010. Deux anciens patrons de la gendarmerie, Guy Parayre (2004-2008) et Jacques Mignaux (2010-2013), viennent de rejoindre l’entourage de l’ex-chef de l’Etat.

Si l’on ajoute son conseiller Brice Hortefeux, ancien ministre de l’intérieur, M. Sarkozy a reconstitué peu ou prou une équipe que l’on aurait pu croiser Place Beauvau avant 2012. Même l’étoile montante du parti sur ces questions, le député de l’Yonne Guillaume Larrivé, est passé par son cabinet à l’Elysée et a été directeur de cabinet adjoint de M. Hortefeux au ministère de l’intérieur. Et, lorsqu’il était élève à l’ENA, il avait effectué son stage en préfecture dans le Gard, auprès du préfet d’alors… Michel Gaudin.
 
Le Monde

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