Deux gardiennes du centre pénitentiaire de Meaux ont été volontairement renversées par un véhicule hier devant l'établissement. L'une d'elles a été grièvement blessée.
C'est un drame qui secoue tous les surveillants du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne). Hier, à 7 h 20, deux agents ont été victimes d'une tentative d'assassinat sur le parking qui se trouve au pied du centre pénitentiaire.
Alors qu'elles venaient de garer leurs voitures sur le parking du personnel, les deux femmes se sont dirigées vers la porte d'entrée de l'établissement, en traversant le parking réservé aux visiteurs. Elles discutaient lorsqu'elles ont vu une voiture rouler au pas, derrière elles. Elles ne se sont pas inquiétées et ont continué à marcher. Soudain, la Berline de couleur noire a foncé dans leur direction...
L'une d'elles, âgée de 37 ans, première surveillante en maison d'arrêt, a eu le temps de se déporter et a été légèrement touchée à la cuisse. Elle n'a pas été hospitalisée et a été vue par un psychologue. Sa collègue, âgée de 56 ans, première surveillante au centre de détention, n'a pas pu éviter le choc et a atterri sur le capot, avant d'être traînée au sol sur 25 m. Grièvement blessée, elle a été transportée -- consciente -- par hélicoptère vers l'hôpital du Kremlin- Bicêtre (Val-de-Marne), où elle a été opérée. Hier soir, après l'intervention, son état était jugé « stabilisé ».
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Déjà agressée en 2013
La surveillante grièvement blessée hier devant le centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne) était en poste à Fleury-Mérogis (Essonne), lorsqu'elle a passé -- et obtenu -- son concours de première surveillante. Elle avait ensuite été affectée à Meaux il y a sept ans. Depuis, cette femme, mère de deux enfants, travaillait au centre de détention.
C'est dans un bureau de ce bâtiment qu'elle avait déjà été agressée en 2013 par un détenu. L'homme l'avait alors frappée à la main, avec une paire de ciseaux artisanale. Ce dernier avait ensuite été transféré dans un autre établissement et condamné par le tribunal correctionnel de Meaux, qu'il n'avait pas manqué d'outrager.
La procureur de Meaux, Dominique Laurens, sur place hier matin, a confié l'enquête à la brigade criminelle de la Direction régionale de la police judiciaire de Versailles. Elle s'annonce difficile. Il faisait nuit et le parking était désert au moment du drame. Les agents qui travaillent à l'entrée de la prison, derrière une vitre, n'ont pas pu voir la scène. La voiture et son conducteur ont disparu.
Inquiétude du personnel
Après cette tentative d'assassinat, les surveillants du centre pénitentiaire, qui héberge 850 détenus répartis dans un centre de détention et deux maisons d'arrêt, sont sous le choc. Si les agressions de personnels sont fréquentes derrière les murs, les violences commises à l'extérieur sont plus rares. C'est la première fois qu'un tel drame se produit au pied de la prison. Inquiets pour l'état de santé de leur collègue hospitalisée, les surveillants évoquent une femme bienveillante.
« Même après l'agression dont elle a déjà été victime, elle est restée égale à elle-même. Simple, gentille, souriante », indique Damien Tripenne, secrétaire local de la CGT.
« Elle est très appréciée. Elle prend des décisions justes », estime le représentant de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (Ufap). « C'est une femme très consciencieuse, joviale, à l'écoute », confirme David Deruelle, de Force ouvrière.
Les enquêteurs, qui n'avaient procédé hier à aucune interpellation, vont suivre plusieurs pistes. L'une des deux femmes était-elle visée pour des raisons liées à sa vie personnelle ? S'agit-il d'une vengeance fomentée par un ancien détenu ? Ou bien le conducteur de la voiture visait-il l'uniforme et l'institution ?
La voiture aurait été aperçue, tournant sur le parking désert du quartier nouveau concept, un bâtiment situé à proximité de la prison de Meaux-Chauconin. Ce véhicule se serait ensuite garé au pied même du centre pénitentiaire.
Visite de soutien de Christiane Taubira
C'est une visite surprise que la garde des Sceaux Christiane Taubira a réservée au personnel de la prison de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne), hier soir, après la tentative d'assassinat contre deux surveillantes dans la matinée. La ministre de la Justice est arrivée à 19 heures au centre pénitentiaire, où elle a rejoint le directeur adjoint et les surveillants en poste, mais aussi le sous-préfet et la procureur de Meaux, venus l'accueillir. Christiane Taubira en est repartie une heure et demie plus tard, après avoir rencontré des agents et des syndicalistes, afin de leur exprimer son soutien.
« C'est une prison dans laquelle il y a une grande solidarité. Ils ont eu les réflexes qu'il fallait », a-t-elle commenté. La ministre a souligné combien le métier de surveillant pénitentiaire était « exposé et difficile », rappelant la mise en place en 2014 d'un plan antiviolences, ainsi que la « création de 543 postes ». Elle a également évoqué les postes supplémentaires dans le cadre des deux plans antiterroristes : 453, puis 1 100. « Les formations des agents sont en cours, elles durent en moyenne un an », a conclu la ministre.
Le Parisien
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