La totalité des détenus qui devaient se former à un métier dans dix établissements pénitentiaires sont concernés. Le conseil régional d'Ile-de-France, présidé par Valérie Pécresse, a subitement interrompu ce programme jugé "illégal".
Début novembre, à un mois des élections régionales, l'ancienne vice-présidente de la région Ile-de-France en charge de la formation franchissait les portes de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis avec quelques journalistes.
Au programme, une visite des ateliers où les détenus mettent à profit leur peine pour apprendre un métier. Une fierté pour la région, qui a repris à l'Etat la compétence sur la formation des prisonniers il y a un an: les détenus apprécient de quitter leur cellule pour préparer l'après, le personnel pénitentiaire juge que la formation "apaise" la détention et les autorités espèrent lutter contre la récidive.
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Les ateliers de mécanique, d'électricité ou de couture tournent pourtant à vide depuis mi-février. Les programmes viennent d'être arrêtés par la nouvelle majorité au conseil régional d'Ile-de-France. "Tel que mis en oeuvre, le dispositif était illégal car il aurait dû passer par un marché public", justifie auprès de L'Express un porte-parole de la collectivité, désormais présidée par Valérie Pécresse.
Les organismes de formation qui devaient opérer en 2016 avaient été choisis par l'ancienne majorité socialiste à la suite d'un appel à projets passé l'automne dernier. Le conseil régional avait opté pour l'octroi d'une subvention aux formateurs sélectionnés, somme plafonnée à 50 000 euros par action.
Cette procédure avait été approuvée par les élus lors d'une délibération du 10 juillet. Or pour leurs successeurs, elle fait courir le risque d'une requalification en marché public.
"Les détenus comptaient dessus"
Problème: les formations auraient dû débuter ces jours-ci dans dix établissements pénitentiaires: Fleury, Fresnes, Bois d'Arcy, Villepinte, Meaux... Leur suspension brutale embarrasse l'administration pénitentiaire.
En tout, "500 personnes devaient bénéficier d'une formation et d'une rémunération [2,26 euros de l'heure, NDLR] au premier semestre", apprend-on auprès de ses services.
"Il a fallu recruter les détenus et préparer les déplacements entre les bâtiments, c'est tout un protocole", rappelle Patrice Gazziero, formateur aux métiers du nettoyage industriel à Fleury-Mérogis.
Leur annoncer la nouvelle promet d'être "compliqué à gérer, assure-t-il, car ils comptaient énormément dessus". Tant pour se former que pour gagner un peu d'argent ou obtenir un aménagement de peine...
Selon Patrice Gazziero, l'annulation subite de dizaines de cursus, qui devaient courir jusqu'à l'été, place aussi les centres de formation en difficulté. "Beaucoup avaient engagé des frais en achat de matériel ou ont mobilisé des formateurs vacataires qui se retrouvent sans travail", pointe-t-il. Le programme pourrait ne pas reprendre avant six à huit mois.
L'Express
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