Un détenu s’est pendu dans sa cellule quelques heures après son incarcération, lundi. Il était en attente de son procès, renvoyé pour procéder à son expertise psychiatrique.
Un détenu de 37 ans est mort, par pendaison, dans sa cellule à Beauvais lundi 8 décembre. C’est le premier suicide enregistré dans ce nouveau centre pénitentiaire partiellement ouvert depuis décembre, avec 190 détenus pour 600 places.
« Dans l’ancienne prison de Beauvais, aucun suicide n’avait été enregistré durant ses huit dernières années de fonctionnement » notait hier un surveillant qui a travaillé dans les deux établissements. Le plus ancien a été fermé pour obsolescence générale, avec son régime d’accueil des détenus en dortoirs, ce qui rendait toutefois « la prévention des suicides plus facile », toujours selon ce surveillant qui a requis l’anonymat.
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Des cellules individuelles, comme c’est désormais la règle, accueillent donc les détenus dans le nouvel établissement.
Trois entretiens ont été menés pour cerner le détenu
D’après « le processus arrivant », selon l’expression d’Alain Jégo, directeur des services pénitentiaires de Lille dont Beauvais dépend, le détenu a été vu lundi après-midi par le greffe puis lors de trois entretiens successifs, avec une assistante sociale, le service médical et un officier de la pénitentiaire. « Chaque entretien a un objectif défini afin de cerner au mieux la personnalité du détenu et d’évaluer les risques de passage à l’acte suicidaire à travers un certain nombre de questions précises » a ajouté Alain Jégo, hier.
Le détenu a ensuite gagné sa cellule dans le « quartier arrivant », aménagé de manière indépendante afin de limiter le choc carcéral, d’évaluer le détenu et de le maintenir séparé des autres prisonniers.
« Le travail de surveillance a été fait »
Le détenu n’avait visiblement pas laissé entrevoir ses intentions, s’il les avait lors du « processus arrivant », après lequel il a été cantonné dans sa cellule, à partir de 19 heures, après y avoir dîné.
Le drame a été détecté peu avant 20 heures, lors de la première ronde de nuit sur les six au cours desquelles un contrôle visuel de présence des détenus est pratiqué à travers l’œilleton des cellules.
Ces rondes du service de nuit se succèdent toutes les 90 minutes de façon aléatoire de 19 heures jusqu’à 7 heures. Selon l’agent de la pénitentiaire déjà cité, « le travail de surveillance a été fait ». Il n’a cependant pas permis de sauver le détenu, dont le décès a été constaté par un médecin du Smur.
Le taux de suicide en prison est sept fois plus élevé
Selon la plus récente et complète étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) sur le « Suicide des personnes écrouées en France : évolution et facteurs de risque », signée par Géraldine Duthé, Angélique Hazard, Annie Kensey et rendue publique en mars 2015, « dans les prisons françaises, près d’un décès sur deux est un suicide ». Le taux de 18,5 suicides enregistrés en prison pour 10 000 personnes écrouées pendant la période 2005-2010, est « sept fois plus élevé qu’en population générale », toujours selon l’étude citée. « Les résultats confirment la vulnérabilité des personnes en détention provisoire et montrent le rôle prépondérant de l’isolement, qu’il soit physique ou social, ainsi que celui de la nature de l’infraction qui a motivé la mise sous écrou. Si l’amélioration de l’environnement du détenu est un point mis en avant dans les nouvelles politiques de prévention, la nature de l’infraction, comme facteur de risque suicidaire, devrait également être prise en compte ».
Une enquête est ouverte
Une enquête a été ouverte par le parquet de Beauvais sur les causes de la mort du détenu. Une autopsie sera pratiquée. Selon Michel Palluel, ancien visiteur de prison (2010-2014), la famille du défunt souhaite qu’il soit inhumé au Maroc...
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