Le vendeur de stup incarcéré était soupçonné de cacher des portables, obtenus sous la contrainte, dans les gâteaux : trente mois de prison ferme.
Aziz, 31 ans, a le verbe posé. Il fait vibrer la politesse des lettrés à la barre du tribunal correctionnel de Poitiers.
On donnerait le bon dieu sans confession à celui qui n'a pas vraiment la tête d'un prévenu poursuivi, à deux reprises, pour extorsion par violence, menace ou contrainte durant les années 2014 et 2015.
Les faits se déroulent dans l'univers carcéral du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne. Deux codétenus en font les frais. Et leurs familles.
La téléphonie mobile dans le gâteau de " Papy "
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« J'ai l'adresse de tes parents. Tu vas faire passer un téléphone portable au parloir », aurait-il dit à l'un d'entre eux. « Il ne faudrait pas que cette petite histoire de téléphone se transforme en plus grande… », susurre-t-il à un autre. La menace est à peine voilée. Il y a aussi cette demande d'argent, 2.000 €, par mandat. « Sinon, tous les mecs de la promenade (le lieu de sortie en plein air des détenus, NDLR) te tomberont dessus… »
Aziz a la malice du Milieu. Il fait passer les mobiles dans des gâteaux marbrés Savane® d'un Papy bien connu. Et il a les moyens de ses menaces.
En « zonzon », il est surnommé « le boss » : vingt condamnations au casier, dont quatre pour trafic de stupéfiants, ça pose son détenu. Et comme il a le verbe aussi haut que le culot, il ose tout.
Comme le racontera le ministère public, lors d'une précédente affaire, interpellé dans la voiture d'un fournisseur transportant dix kilos de résine de cannabis, Aziz a contesté se trouver dans cette voiture pendant toute la durée de la garde à vue !
A la barre du tribunal correctionnel, il a donc (re) tenté la technique : « A aucun moment, je n'ai menacé quelqu'un. J'étais loin de ma famille, je n'avais pas de parloir. Je voulais juste un téléphone. »
Il parle, il parle, Aziz. Et le président l'écoute, longuement. « Et vous ne trouvez pas bizarre que deux déclarations affirment la même chose sur les contraintes ? » Non.
Me Laurent Sillard, qui défend les deux détenus victimes, évoque leur isolement. Le transfert dans une autre prison. La peur des représailles. « La prison était devenue un enfer pour eux. »
La procureure tape fort : quatre ans d'emprisonnement et interdiction de séjour pendant sept ans dans la Vienne et la Charente-Maritime, où les deux victimes résident. « Ce qui est déconcertant, c'est l'aisance avec laquelle il retourne la situation. Il essaye de se dédouaner de toutes les manières possibles. »
L'avocat d'Aziz, Me Laurent Morlet, du barreau de Versailles, tente le tout pour le tout, sans trop y croire, à vrai dire. « Vous n'avez que les déclarations des deux détenus condamnés pour des faits de même nature. Pourquoi faudrait-il les croire, eux ? Ce serait contre productif d'aller sur une peine d'une telle ampleur. »
Les juges ont choisi d'être productif : 30 mois de prison, maintien en détention à la Maison d'arrêt de Tours et une interdiction de séjour dans la Vienne et la Charente-Maritime pendant cinq ans.
La Nouvelle République
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