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lundi 21 mars 2016

Oise: des cours d'arts martiaux pour les détenus? Les surveillants en colère

La direction de la prison de Liancourt, dans l'Oise, a émis l'idée de faire pratiquer à ses détenus l'art martial de la canne de combat. Les surveillants sont immédiatement montés au créneau.

Les cours de canne de combat que le centre pénitentiaire de Liancourt, dans l'Oise, voulait proposer en avril à ses détenus n'est vraiment pas du goût des gardiens de la paix (image d'illustration).

Une "absurdité" pour les syndicats de surveillants. Les cours de canne de combat que le centre pénitentiaire de Liancourt, dans l'Oise, voulait proposer en avril à ses détenus n'est vraiment pas du goût des gardiens.


"On donne le bâton pour se faire battre" raille le bureau local syndicat de surveillants UFAP-UNSA.

Le projet de cours nécessite que les prisonniers aient en main un bâton en bois long de 95 cm. 
Selon les membres du syndicat, "la mise en place de ce type d'activités est dangereuse et surtout en décalage total avec la lutte contre les violences en détention". Le bureau local du syndicat, qui a rebaptisé l'activité "cassage de maton avec un bâton", a exigé "l'annulation immédiate de cette absurdité", tandis que des actions de protestation sont envisagées.

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Avec quels financements ?

L'UFAP-UNSA a également affirmé que l'activité serait financée par le Plan de lutte antiterrorisme (PLAT), des subsides fournis par l'Etat aux administrations pénitentiaires. "En quoi cette activité aurait-elle un effet bénéfique sur la radicalisation?", s'est interrogé le syndicat.

La direction interrégionale des services pénitentiaires de Lille, chargée de 21 établissements dans le nord de la France, dont celui de Liancourt, a formellement démenti. "Cela ne correspond pas au profil des actions financées par le PLAT, qui sont tournées vers la citoyenneté, les valeurs républicaines et le vivre ensemble", a indiqué Alain Jégo, directeur interrégional. Selon le responsable, "aucun projet n'a encore été validé dans le cadre du PLAT pour l'année 2016. Les établissements et les Services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) ont des crédits spécifiques pour les activités sportives et socio-culturelles".

"Canaliser la violence"

Le directeur interrégional a rappelé que plusieurs arts martiaux étaient déjà enseignés dans les prisons: en tête le karaté, la boxe, ou encore la capoeira... "60% des détenus français ont été condamnés pour violence", a précisé Alain Jégo. "L'objectif est de leur apprendre à canaliser cette violence dans le respect de l'autre. Il faut pour cela un animateur de qualité, conscient de ce que l'on cherche à atteindre."

Émilie Theret, représentante locale du syndicat a réagit, dans les pages du Courrier Picard: "La boxe, nous y étions déjà opposés. On a fait un effort, mais cela a ouvert une brèche qui nous a menés à la canne de combat. Et après, ce sera quoi ?"

Son directeur, Alain Jégo, a affirmé comprendre "que l'usage d'un bâton puisse faire un blocage au niveau des personnels de surveillance. Il aurait été préférable que la mise en place de cette activité soit discutée en amont avec les organisations professionnelles. Je vais demander que ce dialogue avec la direction et le SPIP ait lieu. Nous verrons ensuite si c'est faisable ou pas", a-t-il assuré. Les syndicalistes ont fait d'autres propositions d'activités pour les détenus, parmi lesquelles la sophrologie et le yoga.

L'Express

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