Ce détenu venait d’apprendre la mort de son frère, abattu par balles. Endeuillé et sous tension, il s’en était pris à des surveillants. Total : dix mois de prison supplémentaires.
C’était le 23 février, à la maison d’arrêt de Reims. David Barguet, capuche sur la tête, s’en va en promenade. Un surveillant récemment arrivé lui demande de se découvrir. Et tout dégénère. Insultes.
Corps à corps. Le détenu, qui a saisi au cou le surveillant, le projette contre une grille : deux points de suture au cuir chevelu et deux jours d’incapacité de travail pour ce dernier. Les renforts arrivent et maîtrisent à grand-peine l’individu.
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Des outrages, encore, dont celui-ci : « Va sucer le cercueil de tes morts ! » Des menaces ciblées, aussi : « Quand tu sortiras, tu feras bien attention, je vais mettre un contrat sur ta tête et ta famille. T’es mort ! » David Barguet, 25 ans, est conduit à l’isolement où, entre deux cris, il bouche son lavabo et déclenche un dégât des eaux.
Ce jeune homme robuste, dont le casier porte trace de quinze condamnations depuis 2007, n’est pas tout à fait un agneau. Mais ce nouvel éclat de violence est à remettre dans un contexte douloureux : le 14 février, il avait appris la mort de son unique frère, Raynald, abattu de plusieurs balles dans l’Hérault, à l’intérieur même de sa caravane.
Le 20 février, les autorités avaient permis à David Barguet d’assister sous escorte, et en compagnie d’un demi-millier de personnes aux funérailles, à Reims.
« Qu’est-ce qui fait que ça se passe mal ? »
À la barre, hier, David Barguet, qui devait sortir de détention le 2 mars, s’est montré peu bavard : « Avec la tension, j’ai éclaté… » Avant de se poser en victime des incidents du 23 février. Et ses outrages ? « Oui, il y a eu des insultes, (les surveillants) l’ont pris pour eux mais c’était pas pour eux. » La présidente tente un dialogue : « Pourquoi, à votre avis, toutes ces condamnations sur votre casier ?
– …
– Qu’est-ce qui fait que ça se passe mal ?
– …
– D’accord… »
En outre, un membre de l’administration pénitentiaire a, le 19 mars, rapporté une discussion qui se serait tenue entre David Barguet et un autre détenu. Le premier nommé aurait eu ces mots : « Je suis comme un loup en cage, j’ai la rage. Quand je vais sortir, ils sont morts. Maintenant, je n’ai qu’un but : leur faire mal. (…) Ça monte doucement, j’ai déjà tout dans la tête. » Sans surprise, le prévenu nie avoir eu une telle conversation.
La substitut du procureur, après avoir pris le temps de rappeler « la surpopulation permanente et évidente » de la maison d’arrêt de Reims, requiert quinze mois de prison. Pour la défense du prévenu, M e Ammoura regrette que « quoi qu’il dise, David sera coupable de tout » tout en louant « la compassion sincère » des surveillants pénitentiaires à la mort du petit frère de son client. À l’issue du délibéré, David Barguet, reconnu coupable, est condamné à dix mois de prison supplémentaires.
L'Union
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