Détenu à Saint-Maur, cet homme de 34 ans qui s’est radicalisé en quelques mois est considéré par les autorités comme “ très dangereux ”.
La tension est palpable dans la salle du tribunal. La présence policière a même été renforcée. Il faut dire que l'homme qui est dans le box, un détenu de 34 ans, a déjà tenté plusieurs fois de se faire la malle et réitéré des envies d'évasion.
Dès son entrée, il fixe d'ailleurs la porte de sortie avec un regard noir. Mais c'est sans lui que l'audience va se dérouler. « Je refuse d'être jugé sans avocat », déclare-t-il, écartant la possibilité d'être assisté par un commis d'office. Problème : ceux qu'il a contactés n'ont pas pu, ou voulu, s'occuper de sa défense. Sans doute sont-ils échaudés. Me Dubois-Dinand s'était présenté à lui, à la centrale de Saint-Maur : il en est reparti avec des insultes et des menaces de mort, ce qui l'a poussé à porter plainte.
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Le président, Pascal Almy, a donc décidé de maintenir le dossier. Le prévenu, aux vingt et une mentions sur son casier judiciaire, est accusé d'« apologie d'un acte terroriste et outrage et menaces de mort » sur un gendarme.
Les faits se sont déroulés le 14 janvier, dans la geôle du palais de justice de Troyes et sur le chemin du retour à Saint-Maur, où l'homme est incarcéré depuis juillet 2015. « Je veux mourir sous les balles du Raid, a-t-il lancé, ce jour-là, aux gendarmes qui l'escortaient. Lors de ma prochaine perm', je vais me procurer une Kalachnikov. Je vais m'équiper d'une ceinture explosive et me faire péter au Trocadéro. J'ai appris à faire une bombe avec une cocotte-minute. »
Entre autres, « Allahu akbar » et odes aux frères Kouachi et Amedy Coulibaly, le prévenu s'en est pris à François Hollande et à la France, avant de prévenir : « Il va y avoir de grands événements, à Lyon, en mars ».
" Si un jour il sort… "
L'un des gendarmes, témoin de ces emportements, a été « copieusement outragé et insulté », relate le président Almy. Il a témoigné à la barre : « Pendant trois heures, sur la route du retour, on a subi ses délires terroristes. C'est quelqu'un de très dangereux. Si, un jour, il sort, il essaiera de commettre quelque chose d'irréparable ».
Sa fin de peine est, pour le moment, programmée le 25 mai 2021. Mais le prévenu attend une autre condamnation et est même en état de récidive légale : le 9 décembre 2015, le tribunal de Châteauroux l'a déjà condamné à deux ans de prison ferme pour apologie du terrorisme alors qu'il avait déclaré que le 13 novembre 2015, jour des attaques de Paris, était « le plus beau jour de (sa) vie ».
Les expertises psychologiques mettent en avant « des traits de personnalité narcissique » chez le prévenu mais excluent une maladie mentale. « Sa dangerosité est palpable », estime Frédérique Delpy, substitut du procureur, qui a demandé trois ans d'emprisonnement. Réquisition suivie par le tribunal qui a aussi octroyé 800 € de dommages et intérêts au gendarme outragé.
La Nouvelle République
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