Le détenu qui avait essayé de s’enfuir à l’occasion d’un transfert à l’hôpital d’Helfaut, le 1er février a été condamné, mercredi 23 mars, à rester quatorze mois de plus en prison. Non sans avoir livré un témoignage troublant au tribunal.
« Si j’ai essayé de m’enfuir, c’est que je n’en pouvais plus de me faire violer en prison », gémit dans un sanglot, Jean-Michel Desjardins. Et voilà son procès qui prend une tournure tout à fait inattendue. Car jamais, au cours de la procédure, cet élément n’a été avancé.
« Pourquoi n’en avez-vous pas parlé avant ? », interroge le président Bertrand Duez. « Parce que je pensais que vous alliez me renvoyer à Longuenesse », explique le prévenu désormais incarcéré à Sequedin. C’est depuis cette prison qu’il comparaît en visio-conférence devant le tribunal de Saint-Omer.
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« Je n’en pouvais vraiment plus »
Ce gaillard de 32 ans aux trente-sept condamnations sur son casier judiciaire, présente un tout autre visage que celui qu’il avait montré lors de sa première comparution immédiate, deux jours après sa tentative d’évasion. Alors qu’il disait n’éprouver aucun remords pour les personnes qu’il avait blessées lors de sa chevauchée violente, le voilà qui se confond en excuses. Et qu’il répond aux questions du président, curieux de savoir comment il a pu se procurer une tige en fer, comment il s’est démis l’épaule, etc.« Si vous saviez ce que j’ai vécu, sanglote Jean-Michel Desjardins. Je n’en pouvais vraiment plus. Il avait le téléphone et l’adresse de mes parents et me disait que si je parlais, ils recevraient une balle dans la tête. Un détenu m’a indiqué où je pouvais trouver un petit morceau de fer dans la cour de promenade. Je voulais me faire justice moi-même. J’ai pris un rail de coke pour me donner du courage, j’étais tellement excité que je me suis emmêlé les pinceaux dans les escaliers. J’étais complètement défoncé quand ils m’ont emmené à l’hôpital, j’ai essayé de m’enfuir. »
« Quelqu’un de désemparé »
Pas de quoi apitoyer la substitut du procureur, Elodie Buguel : « C’est une réponse habituelle de dire qu’on a été victime d’agressions sexuelles pour expliquer de tels actes. Il chantonnait quand même dans la voiture qui le conduisait à l’hôpital ! C’était d’ailleurs la quatrième fois qu’il y allait pour le même problème à l’épaule... » Pour elle, tout était préparé. Elle réclame deux ans de prison.« Arrêtons de se voiler la face, on sait très bien comment ça se passe en prison, répond avec verve Me Céline-Marie Canard. Vous avez devant vous quelqu’un de désemparé, dont la parole n’a pu être libérée que grâce à son transfert dans un autre établissement. » Elle plaide du sursis.
Ce sera quatorze mois ferme tranche le tribunal. À voir si ces déclarations de viols donneront lieu à une procédure.
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