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vendredi 8 avril 2016

Besançon - Un mur à franchir

Les travaux de rénovation de la toiture de la maison d’arrêt de Besançon viennent d’être attribués à une société niçoise ! Des entrepreneurs locaux montrent les pinces.

Des reprises de la toiture sont nécessaires mais les entreprises franc-comtoises n’ont pas été retenues.   Photo Ludovic LAUDE

Le BTP est une séquence importante du génome économique de notre région.

La présidente Marie-Marguerite Dufay l’avait rappelé et accompagné elle-même en septembre 2014, alors que la crise frappait de plein fouet ce secteur d’activité, en débloquant 25 M€ avec l’intention que « ces financements débouchent sur des travaux immédiats ». Une vraie bouffée d’oxygène accueillie les bras ouverts par plusieurs corps de métiers du bâtiment.

Dix-huit mois plus tard, le ciel n’est pas complètement dégagé. Beaucoup d’entreprises traînent encore, comme un boulet attaché à leur cheville, des comptes financiers très fragiles. Elles se ruent sur les appels d’offres en espérant occuper durablement leurs ouvriers.

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En début d’année, l’administration pénitentiaire a engagé une procédure adaptée pour la rénovation des toitures de la maison d’arrêt de Besançon. Des trous dans la charpente d’une prison, évidemment, ça fait désordre !

Plus sérieusement, le département des affaires immobilières de la direction des services pénitentiaires s’est chargé de recueillir les offres pour quatre lots de travaux dont du gros-oeuvre et les charpentes et toitures. Treize entreprises ont répondu. Principalement franc-comtoises. And the winner is… une entreprise de charpente et couverture de Nice ! Ce qui n’a pas manqué d’attiser les tempéraments locaux.

« Que faisons-nous », s’interroge Michel Bigeard, le gérant de la Sarl Grisot, chemin des Montarmots, « pour remettre l’église au centre du village, redonner du sens et de l’avenir à une économie de proximité dans le secteur du BTP. Combien de temps on va encore devoir se battre comme des chiffonniers sur un marché tendu ? N’a-t-il pas assez de dégâts au niveau des greffes des tribunaux de commerce ? »

« A ce prix-là, je ne peux pas travailler »

Michel Bigeard ne s’énerve pas contre cette entreprise niçoise qui, comme les autres, défend son morceau. Il peste contre « les donneurs d’ordre et principalement dans le cadre des marchés publics. Ils se moquent de nous ! »

Le bilan carbone n’est à l’évidence pas le critère de sélection dans ce dossier. L’appel d’offres avait d’ailleurs été très clair sur les objectifs de l’administration : « Attribution à l’offre économiquement la plus avantageuse ». En respectant par ailleurs un certain nombre d’obligations professionnelles.

La proposition retenue s’élève à 97.500 € HT. « Moi, à ce prix-là, je ne peux pas travailler », affirme Michel Bigeard, en porte-parole des autres entreprises franc-comtoises qui avaient postulé. « J’ai répondu à 118.893 €. J’aurais gagné 10.904 € nets à partager entre les sociétés qui intervenaient sur le chantier et en pratiquant un prix de vente de main-d’œuvre à 35,58 € de l’heure. Je ne vois pas comment on peut travailler pour 97.500 € ! ».

L’administration ne le cache pas. « On n’a aucune obligation de choisir une entreprise locale...

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