Lionel Lecompte vient de succéder à Aldo Tirao à la tête du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip).
Après des études en sciences humaines, et notamment de sciences sociales, de la psychologie et de la démographie, il dirigeait le Spip de Dordogne avant d’être affecté à Tahiti.
Quelles vont être vos missions et celles du Spip ?
Elles sont inscrites dans la loi : lutter contre la récidive. C’est-à-dire qu’en détention, nous travaillons avec les personnes détenues à l’intégration de la loi mais également à la préparation à la sortie. Ce sont des choses très concrètes notamment par rapport à l’hébergement et à l’insertion professionnelle. En milieu ouvert, nous sommes chargés du suivi du contrôle des mesures qui nous sont confiées par l’autorité judiciaire. Il y a un volet obligations, un volet contraintes et un autre qui est celui de l’accompagnement. Nous suivons actuellement 1 700 personnes en milieu ouvert, dont à peu près la moitié a obligation de soins.
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J’ai pris mes fonctions il y a quelques jours, pour participer à l’ouverture du centre de détention de Papeari. Ensuite, pour accompagner la quarantaine d’agents du Spip vers de nouvelles méthodes d’intervention. Ma méthodologie consistera d’abord à réaliser un audit du service avec les professionnels concernés et, ensuite, voir comment accompagner mes collaborateurs dans un service public qui soit le meilleur possible. C’est-à-dire, développer le partenariat, développer les prises en charge, j’essaierai de le faire modestement puisque j’arrive dans un environnement que je ne maîtrise absolument pas.
Les nouvelles méthodes d’intervention que vous allez mettre en place correspondent à de nouveaux besoins ?
Je vais inscrire mon action dans celle de mes prédécesseurs, mais la nouvelle méthodologie répond à une logique qui se développe en métropole depuis la conférence de consensus en 2012. L’administration pénitentiaire a décidé de s’appuyer sur un référentiel de pratiques professionnelles. Il se met en place dans l’ensemble des Spip.
Même si vous venez d’arriver, vous n’ignorez pas que Nuutania est l’une des pires prisons de France, en tout cas la plus surpeuplée. Est-ce que cela rend la tâche la plus difficile ?
Lorsque l’on voit la prison de Nuutania de l’extérieur, on a honte en tant que fonctionnaire d’État. Mais lorsque l’on découvre la manière dont les gens vivent à l’intérieur, on se rend compte que c’est une prison qui est propre, que les détenus arrivent à vivre en bonne intelligence et qu’il y a peu de violences. Oui, effectivement, le fait qu’il y ait un taux de surencombrement est un problème en soi, parce que la prison n’est pas paramétrée pour accueillir plus de
300 détenus. Mais en même temps, je découvre un esprit polynésien qui est facilitant pour l’exercice des missions.
Votre objectif est d’éviter la récidive. N’est-ce pas un atout d’avoir l’une des pires prisons de France, où l’on n’a pas forcément envie de retourner ?
La prison n’a d’intérêt dissuasif tant que l’on n’y est pas allé. Dès l’instant où on y est allé, l’effet dissuasif de l’incarcération ne joue plus. À ce niveau-là, cela ne jouera pas.
Les condamnations sont souvent assorties d’obligations de soins qui sont rarement suivis d’effets faute de moyens. Avez-vous pu le constater ?
Oui, clairement, après une semaine de présence, j’ai pu me rendre compte qu’il est difficile de mettre en œuvre les obligations de soins, parce que les structures manquaient. Mais il y a un autre levier sur lequel nous pouvons agir, c’est sur la nécessité de soigner une personne. Nous avons énormément d’obligations de soins qui ne relèvent pas d’un soin. Un des challenges que je partagerai avec mon équipe est de développer des outils d’évaluation pour déterminer si une personne relève ou pas d’un soin. Par exemple, certains fumeurs de paka ont une réelle dépendance au produit et nécessitent un accompagnement, d’autres sont simplement des fumeurs qui ont besoin d’intégrer la loi.
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