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vendredi 20 mai 2016

Bayonne : deux enquêtes ouvertes après deux décès à la prison

Le 8 mai, un détenu aurait succombé à une ingestion de produits. Mercredi, un homme en détention provisoire s’est pendu

Deux détenus ont été retrouvés morts dans leurs cellules, le 8 et le 18 mai, à la maison d'arrêt de Bayonne

Le parquet de Bayonne a ouvert deux enquêtes à la suite de deux décès survenus en dix jours au sein de la maison d'arrêt de Bayonne. Le 8 mai, un détenu âgé de 45 ans, qui purgeait une peine pour trafic de stupéfiants, a succombé à une intoxication, après avoir ingéré « des produits », sans qu'on sache encore s'il s'agissait de médicaments, de stupéfiants ou de substituts.


Toxicomane, le quadragénaire n'était pas connu pour être suicidaire. Son codétenu aurait assuré avoir tapé à la porte pour prévenir les surveillants, sans succès. L'administration pénitentiaire n'a pas souhaité apporter de précision sur les circonstances, mais a conclu à « une mort naturelle ». Le parquet de Bayonne attend, pour sa part, le résultat des analyses toxicologiques.

Les conditions en question

Pas de doute, en revanche, sur la nature du décès constaté mercredi : en détention provisoire dans une affaire de viols et d'agressions sexuelles commis dans le cercle familial, un père de famille s'est pendu dans sa cellule. Son codétenu dormait au moment des faits. En cours depuis un an et demi, l'instruction était en passe de s'achever, selon le procureur de Bayonne, Samuel Vuelta Simon : « Pour enlever tout doute, dès qu'il y a un décès en maison d'arrêt, une enquête est ouverte. »

Deux issues tragiques que Me Sébastien Binet, président bayonnais du Syndicat des avocats de France (SAF), lie à la surpopulation carcérale, réalité quotidienne à Bayonne, comme dans la plupart des établissements pénitentiaires français.

À la maison d'arrêt locale, les 70 places sont occupées « à 150, 160 % », selon les chiffres de l'administration elle-même. « Pour le premier cas, on peut s'étonner qu'un condamné soit en maison d'arrêt alors qu'il devrait être placé en centre de détention, commente Me Binet. Pour le second, cela pose un problème au niveau de la surveillance. Il s'agit d'un homme en préventive, donc peut-être un innocent. Ces personnes potentiellement fragiles doivent être plus surveillées que les autres. Mais je ne mets pas en cause la direction et les personnels de la maison d'arrêt. Je sais qu'ils font de leur mieux avec ce qu'ils ont. L'indifférence générale gagne même les codétenus vu leurs conditions de détention et le manque d'intimité. Ils s'habituent à tout, y compris aux cris et aux petites violences. »

Au 1er mai, 68 685 personnes étaient incarcérées en France, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Justice, soit + 2,8 % en une seule année.

Sud Ouest

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