Les prisons sont en grève depuis trois semaines. Des militaires ont été appelés en renfort. Comment sortir de la crise ? C'est la question posée autour de la table des Décodeurs RTBF ce dimanche.
Le ministre de la Justice est "au bout", les gardiens sont à bout, les détenus et les militaires aussi. Les incidents se multiplient.
Dans les prisons, la situation devient intenable. "C'est absolument intenable, c'est hallucinant, c'est effarant, c'est indigne", témoigne ainsi le directeur de la prison de Marche-en-Famenne, Frédéric de Thier. "Je suis montré solidaire du mouvement des gardiens depuis le début, poursuit-il, mais quand on touche à l'humain, (...) il faut que cela s'arrête à un moment. (...) Sur le fond, je comprends le mouvement (...), sur la forme, les comportements inacceptables sur certains piquets, je ne pourrai jamais le cautionner"
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Philippe Goffin (MR), président de la commission Justice à la Chambre, a été visiter la prison de Lantin et juge aussi que les conditions y sont épouvantables. Il faut revenir négocier, il y a des propositions très concrètes sur la table avec des choses positives : il faut obtenir des résultats, plaide-t-il calmement mais avec fermeté. "Le gouvernement n'est pas sourd aux revendications".
Mais pour Yves Dethier, agent pénitentiaire à la prison de Lantin et délégué CGSP, les chiffres sur la table (7000 agents) ne sont pas suffisants, il en faudrait encore 200 de plus pour revenir au cadre de 2014. "On veut être entendus, le ministre ne doit pas se limiter à nous écouter". Il énumère les revendications des agents pénitentiaires dont l'abandon total de la rationalisation, la signature définitive du congé préalable à la pension et le cumul des jours de maladie. Tant qu'il n'y a pas d'accord, les gardiens ne retourneront pas dans les prisons, conclut-il.
207 agents malades à Lantin
L'absentéisme, avec de 10 à 20% d'agents sous certificat médical, représente un autre aspect du problème. Comment l'expliquer ? Pour Yves Dethier, c'est lié à la difficulté du travail : "Les conditions sont très difficiles pour les agents". Mais selon les informations du directeur de la prison de Marche, Frédéric de Thier, il y a 207 agents sous certificat médical à la prison de Lantin (sur 650). Conclusion pour lui : "Le taux d'absentéisme a explosé depuis le début de la grève".
"Donnez nous les moyens de bonnes conditions de travail, un outil, et il n'y aura pas besoin de négocier un service minimum dans les prisons", dit le délégué syndical, un service garanti voulu par le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) et qui doit encore faire l'objet d'une négociation.
Pour Patrick Descy, secrétaire permanent CGSP Défense, remplacer les gardiens en grève est bien une mission pour la Défense vu la situation humanitaire : "Il ne restait qu'une solution, c'était d'envoyer temporairement l'armée. (...) Mais ces militaires dans les rues, dans les prisons, sont en train de perdre leur qualification et leur entraînement", souligne-t-il. "Ce n'est vraiment pas une solution d'envoyer l'armée dans les prisons. Les militaires sont dans une situation juridique problématique, quelle est leur prérogative en cas d'incident ? Les syndicats doivent être cohérents et crédibles, et respecter la dignité humaine. Je ne sais pas combien de temps les militaires vont rester en prison".
Etaient invités par Baudouin Rémy sur le plateau des Décodeurs: Philippe Goffin (MR), le président de la commission Justice à la Chambre; Frédéric de Thier, directeur de la prison de Marche-en-Famenne; Patrick Descy, secrétaire permanent CGSP Défense, et Yves Dethier, agent pénitentiaire à la prison de Lantin et délégué CGSP.
RTBF
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