Incarcéré depuis un mois à la prison de Fleury-Mérogis, le logisticien présumé des attentats de Paris est décrit comme un détenu "correct".
Sauf quand il s'agit de pester contre la surveillance vidéo dont il fait l'objet 24 heures sur 24.
Dans sa cellule de 11 mètres carré, spécialement aménagée, Salah Abdeslam ne fait pas de vagues.
"Je ne dirais pas que c'est un détenu modèle mais un détenu correct. Il est poli, dit bonjour et obtempère sans être agressif", explique une source pénitentiaire syndicale à L'Express. Voilà un mois, jour pour jour, que le seul survivant des commandos du 13 novembre a été transféré en France et admis à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne).
Liens commerciaux :
En 30 jours, un seul épisode de tension notable a été relevée. Il s'agit du moment où le jeune Molenbeekois de 26 ans a découvert le régime de surveillance auquel il est astreint 24 heures sur 24.
"En voyant les caméras de surveillance il est entré dans une colère noire en disant qu'on violait son intimité. Les agents ont eu quelques sueurs froides", relate ce vendredi une source judiciaire au Parisien. Notre source syndicale résume sobrement: "Salah Abdeslam a exprimé un certain inconfort".
Quatre agents dédiés à sa surveillance
Deux caméras ont en effet été fixées dans sa cellule, permettant aux agents d'observer chacun de ses gestes hormis lorsqu'il se rend au coin douche/toilettes. Lors de son audition devant les juges d'instruction, le seul moment jusqu'à présent où il a pu quitter la prison, le logisticien présumé des tueries parisiennes s'est muré dans le silence. Son avocat, Frank Berton, a sous-entendu que c'était une réaction de protestation au fait qu'il se sentait "épié".
Selon RTL, pas moins de 13 000 euros ont été investis par l'administration pénitentiaire pour la surveillance de Salah Abdeslam. Pour des raisons de sécurité, il alterne régulièrement les séjours entre deux cellules, ce qui nécessite de doubler le matériel. A cela s'ajoutent les nombreuses caméras dans les lieux de vie: cour de promenade, salle de sport... La radio explique que quatre surveillants sont affectés au visionnage des images, de jour comme de nuit. Des rapports sont rédigés chaque heure.
"C'est un système utile pour la prévention contre le suicide", défend notre source à Fleury-Mérogis. "Sans caméras, lorsqu'on nous signale un détenu suicidaire, nous sommes obligés de faire des rondes toutes les vingt minutes. Certains calculent le timing de passage pour tenter de passer à l'acte. Là, les caméras dissuadent."
"Cela lui arrive de discuter football!"
Pour l'heure, Salah Abdeslam n'a tenté aucun acte violent. Il consulte un médecin deux fois par semaine, regarde souvent la télévision, lit des livres -il a notamment demandé et obtenu un Coran- et rencontre quelque fois l'aumônier du culte musulman. "Il parle peu aux surveillants mais cela lui est quand même arrivé de discuter football avec eux! Sinon, cela reste des sujets banals. Ce qui est étonnant, c'est que, souvent, les détenus radicalisés refusent de voir l'imam ou ne veulent pas de la télé", affirme notre source syndicale pénitentiaire. "[Salah Abdeslam] n'est pas très rigoriste. A moins qu'il ne le cache", ajoute un autre surveillant auprès du Point.
A Fleury, l'effervescence liée à son arrivée est quelque peu retombée. Le premier jour, les autres détenus l'ont accueilli à coups d'applaudissements ou d'insultes. "Salah Abdeslam reste un sujet de discussion pour les autres prisonniers. Mais personne ne le voit ou tente de le contacter. Il n'y arriverait de toutes façons pas", commente notre agent pénitentiaire. Toutes les cellules attenantes à la sienne ont été vidées. "On ne le calcule pas, il vit sa vie dans son coin", raconte un ancien détenu de Fleury, qui a quitté l'établissement au mois de mai, à l'hebdomadaire.
La solitude, c'est désormais ce qui attend le jeune Molenbeekois pour les longues années à venir. D'après Le Parisien, il lui arrive même régulièrement de refuser la promenade quotidienne à laquelle il a le droit, pourtant l'un des rares moments où il est à l'air libre.
L'Express
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire