Un détenu a déposé plainte pour violences et non assistance à personne en péril après avoir reçu un ballon dans le dos.
Il découvrait l'univers carcéral. Condamné le 4 janvier par le tribunal correctionnel de Bordeaux à un an de prison dont 8 mois avec sursis et à une incarcération immédiate à l'issue de l'audience de comparution immédiate, Xavier Bocchini, quinquagénaire du Bassin d'Arcachon, estime avoir été « jeté dans la fosse aux grands délinquants ».
Dans le cadre d'un divorce houleux, il a foncé avec son camion sur le portail de son ex-femme, après s'en être pris, quelques semaines auparavant, à son nouveau compagnon. « J'ai pété un câble, avoue-t-il. Mais j'ai été condamné. Je me suis dit que c'était un mauvais moment à passer, une façon de me mettre au vert. Même si les cellules, c'est un peu Bagdad. »
Il décrit l'absence d'eau chaude ou de ventilation, les sanitaires cassés, la peinture écaillée et, déjà, « un certain je-m'en-foutisme ».
Appels restés sans réponse
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Le début de sa peine se déroule « correctement ». « Je me tenais tranquille, témoigne-t-il. Je travaillais, je suis tombé sur un codétenu très bien avec lequel il faisait bon vivre, j'étais à l'abri des soucis de l'extérieur : la saisie de mon camion, le procès en appel et en même temps je regardais vers la sortie. »
Le 29 février, il descend dans la cour de promenade pour téléphoner. Là, un détenu shoote violemment dans un ballon de football. Il n'était pas du tout visé mais a été atteint par ricochet. « Un vrai boulet de canon dans les reins ! J'en ai eu le souffle coupé, j'ai eu l'impression que tout avait explosé dans mon ventre. »
Quand il remonte en cellule, il se sent « patraque », ne tient pas debout, s'allonge et s'endort rapidement. « J'ai été réveillé par la douleur dans la soirée. J'étais tout blanc et je suis tombé dans les pommes. »
Son codétenu appelle au secours. « Il a tout fait, détaille Xavier Bocchini. Il a frappé à la porte en hurlant à l'aide, il a fait des signaux de lumière, il a même brûlé une feuille de papier pour attirer l'attention. Ce n'est que deux heures plus tard que l'œilleton s'est ouvert et qu'on lui a dit que c'était du chiqué et qu'on verrait le lendemain. »
Mais le lendemain, il doit remplir un papier pour aller à l'infirmerie. Il ressort de l'auscultation avec un léger antidouleur qui ne le soulage pas. Ce n'est que le jour d'après que sa souffrance est enfin prise au sérieux et qu'il est transporté d'urgence à l'Unité hospitalière sécurisée interrégionale où il subira une ablation totale de la rate. Il a désormais un traitement à vie, ne peut plus porter de charge lourde et se considère comme travailleur handicapé. « On dirait un petit vieux tellement je me traîne », se plaint-il.
« J'étais là pour purger une peine. Et la prison est censée assurer l'intégrité physique des détenus », accuse-t-il. Il a depuis bénéficié d'une permission de sortie exceptionnelle. « Ils ont levé l'écrou pour se débarrasser de moi », nuance-t-il. Xavier Bocchini ne compte pas en rester là. Par l'intermédiaire de son conseil, Me François Déat, il a déposé plainte contre X pour violences et non assistance à personne en péril.
« Il est anormal qu'il ait pu être l'objet de telles violences, fussent-elles involontaires, durant sa détention », fait valoir son avocat dans le courrier adressé fin avril au procureur de la République de Bordeaux. « Il est encore plus anormal qu'il soit resté plus de 24 heures sans soin alors que son état a ensuite nécessité une admission hospitalière. »
Contactée pour ce dossier, l'administration pénitentiaire a déclaré «laisser la justice faire son travail».
Sud Ouest
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