Le premier ministre a dévoilé lundi un épais catalogue de 80 mesures, dont 50 nouvelles pour endiguer une «idéologie du chaos» qui «glorifie la mort».
Chantre de la «stratégie globale», le premier ministre a dévoilé un épais catalogue de 80 mesures, dont 50 nouvelles pour endiguer une «idéologie du chaos» qui «glorifie la mort» et «répand une vision paranoïaque du monde dans laquelle les prétendus «oppresseurs» ou «mécréants» doivent payer le prix du sang».
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Sur le front de la prévention, l'éducation nationale va se retrouver «en première ligne», avec notamment un renforcement du «contrôle des établissements hors contrat et de l'enseignement à domicile».
Considérant que la «lutte contre la radicalisation, c'est avant tout une lutte contre l'obscurantisme, la manipulation des esprits», le locataire de Matignon souhaite en effet que «l'éducation aux médias» prenne de l'ampleur car «elle est la meilleure arme contre le complotisme».
Suspension du versement des droits sociaux
Outre le numéro vert national, qui a permis le recueil et le traitement des signalements de 4600 personnes radicalisées depuis sa mise en œuvre depuis 2014 et la mise en place d'un «Passenger name record» (PNR) français qui «entrera progressivement en action cet été», le nouveau plan prévoit de «renforcer la détection» en prison grâce à un «service de renseignement de plein exercice» au sein de l'administration pénitentiaire.
Celui-ci devrait donc intégrer la communauté du renseignement et disposer de fait de ses moyens spéciaux d'intrusion, au grand dam du contrôleur général des lieux de privation de liberté.
«Aumôneries, programmes de formation, sécurisation des établissements pénitentiaires: rien ne doit être négligé», martèle Manuel Valls qui entend «contenir l'influence d'imams autoproclamés, qui recrutent dans le milieu carcéral».
Sur le front du démantèlement de filières terroristes, le premier ministre a révélé que «chaque départ donne lieu à un signalement de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) aux caisses de sécurité sociale. «Au mois de mars dernier, précise-t-il, sur plus de 500 dossiers en cours de traitement, 350 ont déjà abouti à une situation de constat de fin de droits ou à une décision de suspension du versement des droits».
Des «repentis» mis à l'essai dans des centres de citoyenneté
Le nouveau plan entend en outre «doubler, d'ici deux ans, les capacités de prise en charge des personnes radicalisées», sachant que «1 600 jeunes et 800 familles concernés par la radicalisation font aujourd'hui l'objet d'un accompagnement adapté» par les cellules de suivi des préfectures de leur département où se trouvent des policiers, des enseignants ou encore des travailleurs sociaux.
Dans cet esprit, les effectifs du Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD) devraient monter en puissance et son budget, passer de 60 à 100 millions d'euros sur trois ans.
Les «velléitaires» ayant déclaré leur intention de partir vers les zones de combat ou encore les djihadistes revenus de Syrie ou de Turquie devraient être pris en charge dans une dizaine de «Centre de citoyenneté et de réinsertion» créés dans chaque région d'ici à la fin 2017, et dont le premier doit ouvrir ses portes dès cet été à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire).
«Les premiers accueillis pourront être des repentis, dont nous éprouverons la sincérité et la volonté de réinsertion dans la durée», a déclaré Manuel Valls avant de préciser: «Au moins la moitié accueilleront, à la demande de l'autorité judiciaire, des personnes qui ne peuvent être placées en détention».
Criblages renforcés sur les sites sensibles
Soucieux d' «analyser l'ensemble des ressorts qui conduisent à l'enfermement dans la radicalisation», Matignon veut «fournir à la recherche publique les moyens d'investir ce terrain d'étude encore pionner», par des créations de postes, mais aussi l'attribution de bourses de recherches portant sur ce thème ou encore la création d'un Conseil scientifique.
Le plan préconise aussi un renforcement du «criblage» des individus au profil douteux ayant accès aux sites sensibles «particulièrement visés», au premier rang desquels figurent les lieux de grand passage, les gares, les aérogares, mais aussi aux sites Seveso, aux sites militaires, aux commissariats de police ou casernes de gendarmerie. À ce titre, Matignon a enfin annoncé «une vigilance particulière pendant l'Euro 2016».
Jamais la menace terroriste n'a été aussi importante. Alors que 9300 personnes sont soupçonnées d'avoir basculé dans l'islamisme radical et que 627 Français sont engagés aujourd'hui dans les rangs de Daech, la DGSI estime que trois tentatives d'attentat ont échoué et que pas moins de quinze projets d'attentat ont été déjoués depuis 2013. Sur ces quinze, six devaient être perpétrés par des individus de retour de la zone syro-irakienne.
Le Figaro
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